Élections présidentielles françaises: mêmes têtes d’affiche, autre contexte
Le premier tour des élections présidentielles françaises a été une redite des élections d’il y a 5 ans. Le président en exercice, Emmanuel Macron, a remporté le premier tour avec 27,6% des voix, suivi par la nationaliste Marine Le Pen, qui a obtenu 23,4% des voix. Ils s’affronteront donc le 24 avril.
Sondages
Le second tour promet d’être plus palpitant qu’il y a 5 ans. En raison des inquiétudes croissantes relatives à l’inflation et aux prix élevés de l’énergie et grâce à une campagne électorale vigoureuse, Le Pen a connu une hausse spectaculaire dans les sondages. Il y a 4 semaines, Macron avait encore 18% d’avance sur Le Pen dans les sondages du deuxième tour. Cette avance est retombée à 4%. The Economist estime à présent les chances de victoire de Le Pen à 24% (76% pour Macron). Le bonus de stabilité dont Macron a bénéficié au cours des premières semaines suivant le début de l’invasion russe a fortement diminué.
Un changement de cap radical
Par rapport à il y a cinq ans, la dirigeante du Rassemblement National a tempéré son programme électoral. Elle ne plaide plus pour une sortie de la zone euro et serait même ouverte à l’accueil des migrants ukrainiens. Pourtant, sous Le Pen, la France changerait radicalement de cap. En effet, Le Pen veut non seulement sortir de l’OTAN, mais entend aussi nationaliser certaines entreprises privées et limiter fortement les flux migratoires. Elle souhaite augmenter les pensions et ramener l’âge de la pension à 60 ans pour certaines catégories de travailleurs. Cela pourrait réduire davantage le taux de participation au marché du travail et susciter des interrogations quant au financement la dette publique française, qui s’élève d’ores et déjà à 112% du PIB.
Europe
Une victoire de Le Pen entraînerait également des tensions au sein de l’Union européenne. En raison des liens historiques de son parti avec le président russe Vladimir Poutine, Le Pen est peut-être moins encline à imposer de nouvelles sanctions au régime russe. Une grande partie de son programme est également en contradiction avec les accords européens. Le Pen veut notamment donner la priorité au droit français sur le droit européen, mettre en place des contrôles frontaliers pour lutter contre la fraude, limiter l’accès à la sécurité sociale française pour les citoyens européens et réduire unilatéralement la contribution annuelle de la France au budget de l’UE de 5 milliards d’euros.
Conclusion
Comme il y a 5 ans, la France est confrontée à un choix éprouvant. Une victoire de Le Pen mettrait fin aux réformes économiques nationales visant à améliorer la productivité et la participation au marché du travail, ainsi qu’à l’européisme français. Bien que Macron soit toujours le grand favori, une victoire de Le Pen est plus qu’un risque extrême. Ce ne serait pas le premier cygne noir de 2022.