Bref répit pour le cours EUR/USD
Vendredi dernier, les chiffres du commerce de détail américain (chiffre d’affaires) ont confirmé les propos tenus par Powell la veille. Selon le président de la Fed, vu la vigueur de l’économie, rien ne presse pour abaisser encore le taux directeur. Ce message, et sa corroboration par les données le lendemain, ont tour à tour poussé à la hausse les taux américains. Mais cette hausse s’est dissipée tout aussi vite: après le sprint d’octobre, la fatigue commence à s’installer. Cela renforce notre sentiment que le marché des taux américains (à court terme) s’apprête à marquer une pause.
Le cours EUR/USD en avait bien besoin. Le test du niveau de 1,05 à la suite de l’intervention de Powell est resté sans suite; dans le cas contraire, cela aurait ouvert la voie aux seuils de 1,0448-1,0406-1,0201. Mais l’euro va-t-il reprendre la main? Nous estimons que la monnaie unique n’est pas encore en mesure de le faire. Les mauvaises nouvelles pleuvent en Europe, et il y a peu de raisons que la série noire se termine cette semaine. Elle a commencé dès le week-end dernier: la Russie a coupé le gaz d’un de ses derniers clients européens, l’Autriche, après avoir menacé de le faire à la fin de la semaine précédente. Cette décision fait suite à un litige sur des livraisons de gaz antérieures et dans le cadre duquel il a été donné raison à l’Autriche. À l’exception de la Hongrie, seule la Slovaquie achète encore du gaz russe. La livraison passe par l’Ukraine. Mais l’accord de transit que Kiev a conclu avec Moscou arrive à échéance fin de cette année, sans perspective de renouvellement. Les craintes liées à l’offre se réveillent, alors même que des pays européens puisent plus rapidement que d’habitude dans leurs réserves de gaz, sans énergie éolienne et solaire. Sur le TTF, le marché néerlandais des futures de premier plan, le prix du gaz (46,3 EUR/MWh) se rapproche de son sommet en un an. La fin du gaz russe bon marché représente un coup dur économique pour de nombreux pays européens, en particulier l’Allemagne. Ce qui nous amène aux nouveaux indices des directeurs d’achat (novembre), qui nous donneront un état général des lieux ce vendredi. Pour la zone euro dans son ensemble, la situation semble un copier-coller d’octobre: contraction de l’industrie manufacturière (46,0) et expansion du secteur des services (51,6), donnant lieu pour solde de tout compte à une stagnation de l’économie (50,0). C’est un moment clé pour l’Allemagne: le mois dernier, les organisateurs de l’enquête évoquaient la lumière au bout du tunnel. Pour l’instant, le marché ne partage pas cet optimisme. Cela se reflète notamment dans les attentes quant à la mise en œuvre d’un taux directeur accommodant par la BCE (<2%), auxquelles le marché a du mal à renoncer. Mercredi, la BCE publiera des données importantes relatives aux hausses salariales du trimestre écoulé. Là encore, le marché ne changera probablement pas d’idée, même si ces hausses restent historiquement trop élevées. De plus en plus, la BCE souligne des indicateurs salariaux prévisionnels: selon Francfort, une modération salariale s’annonce en 2025.
Outre-Manche, nous entamons une deuxième semaine de mises à jour économiques. La première partie s’est conclue vendredi dernier par la publication de chiffres du PIB légèrement décevants (en contrepoint à une consommation privée saine), ainsi qu’une production industrielle en berne. Le cours EUR/GBP a mis le cap sur 0,835. Le ‘chunnel’ est train de consolider ces bénéfices, dans l’attente de la publication du taux d’inflation mercredi et des ventes de détail et des indices des directeurs d’achats britanniques vendredi. Pour un tableau technique moins fragile, le cours EUR/GBP devra remonter au-dessus de 0,84.