La banque centrale hongroise prêche la stabilité
La banque centrale hongroise (MNB) a doucement compris le message. Hier, elle a maintenu son taux directeur inchangé à 6,5 % pour le troisième mois consécutif. Au sein du comité de politique, la prudence occupe désormais une place centrale. Une politique monétaire restrictive sous la forme de taux d’intérêt réels (corrigés de l’inflation) positifs et une pause prolongée dans le cycle des taux devraient ramener un peu de calme autour des actifs hongrois. Oubliez la dépendance vis-à-vis des données, l'heure est à la stabilité. De la discipline pour ramener l’inflation vers 3 % et de la sécurité pour tous les acteurs économiques. Le message hongrois n'a pas toujours été le même… Avec le signal politique clair envoyé hier, la banque anticipe également les possibles incertitudes créées par le changement de pouvoir en mars 2025. L’actuel ministre des Finances, Mihaly Varga, succédera alors à Gyorgy Matolcsy à la tête de la MNB. Lors d’une audition parlementaire en début de semaine, Varga a clairement donné la priorité à la stabilité des prix plutôt qu’à la croissance. D’autres voix au sein du gouvernement, le ministre de l’Économie Marton Nagy en tête, appellent depuis longtemps à une politique monétaire accommodante pour soutenir la croissance. Au cours de l'année préélectorale 2025 et alors que le parti au pouvoir, le Fidesz, est à la traîne dans les sondages, une politique budgétaire expansionniste pourrait également contribuer à une plus grande orthodoxie monétaire. Nous vous renvoyons à notre exemple brésilien de la semaine dernière.
Dans sa déclaration de politique, la MNB pointe surtout les risques de hausse de l'inflation liés à la volatilité des marchés (dépréciation du forint) et aux tensions géopolitiques. Dans ses nouvelles projections, la banque centrale s’attend à ce que l’objectif de 3 % sera seulement atteint en 2026 et plus en 2025. La trajectoire moyenne de l’inflation est passée de 3,7 %-3,15 %-3,3 % (2024-2026) en septembre à 3,65 %-3,7 %-3 %. Ces révisions sont liées au ralentissement du processus de désinflation au niveau de l’inflation de base, à l’affaiblissement de la devise et aux modifications du système d’accises. Le nouveau rapport sur l'inflation nous donnera une analyse plus détaillée . Après un second semestre décevant, la MNB a revu le taux de croissance pour cette année à la baisse, de 1,4 % à 0,4 %, tout en continuant à tabler sur une reprise en 2025 (3,1 % contre 3,2 %) et 2026 (prévision maintenue à 4 %). Les risques à la baisse proviennent principalement de la faiblesse du secteur industriel européen.
Le forint hongrois a bien intégré l'appel à la stabilité d'hier. Le cours EUR/HUF est resté impertubable et s'est maintenu aux alentours de 409. Le contexte international (hausse des taux américains, incertitude globale, faiblesse de la croissance européenne, différend entre la Hongrie et l’Europe) n'incite pas à miser sur un retour du forint pour le moment. La monnaie restera aussi une aiguille de la boussole monétaire en 2025. De manière plus générale, une tendance claire se dessine en Europe centrale. La banque centrale hongroise a mis fin à ses baisses de taux (septembre), tout comme la banque roumaine (octobre). En principe, la République tchèque devrait en principe actionner le frein une première fois demain, tandis que la Pologne a postposé le timing d’une première réduction de mars 2025 à septembre 2025. Dans les quatre cas, le taux directeur restera au-dessus des niveaux neutres.
Mathias Van der Jeugt, salle des marchés KBC