La MNB surprend
L'économie hongroise, qui est depuis quelques années davantage intégrée dans les chaînes globales d'approvisionnement, ressent de plus en plus les effets de la pandémie du coronavirus. L'indicateur PMI de confiance des entreprises dans l'industrie manufacturière a ainsi dégringolé de 50,1 à 29,1, son niveau le plus bas jamais enregistré! Les entreprises font état d'un effondrement des nouvelles commandes, qui n'ont jamais été aussi faibles, ce qui explique pourquoi les usines sont aujourd'hui à l'arrêt. Le PMI brosse un tableau peu encourageant en ce qui concerne l'évolution future de l'économie hongroise.
Le premier ministre, Viktor Orbán, en a profité pour renforcer encore sa mainmise sur le pays. Utilisant le prétexte de la crise du coronavirus, il s'est en effet octroyé les pleins pouvoirs. Lundi, le parlement hongrois, où le parti Fidesz du premier ministre dispose de 133 sièges sur 199, s'est lui-même mis hors jeu en attribuant à Orban les pleins pouvoirs pour mener la lutte contre le coronavirus. Une concentration de pouvoir illimitée dans le temps. Orban s'est engagé à tout faire pour surmonter la crise.
La MNB intervient face à la faiblesse de la monnaie
Préoccupée par l'extrême faiblesse de sa monnaie (EUR/HUF à 369!) d'une part et par le cauchemar du coronavirus d'autre part, la banque centrale se trouve dans une situation délicate. C'est dans ce contexte que la MNB a pris quelques décisions (tout de même relativement surprenantes) hier. Tout d'abord, elle a décidé de renoncer aux exigences de fonds propres imposées aux banques systémiques à partir du 1er juillet. Elle ne commencera à les relever progressivement qu'à partir de 2022. En agissant de la sorte, la MNB espère pouvoir libérer 4,5 milliards de forints supplémentaires qui pourront être consacrés à des prêts pour soutenir l'économie réelle. La banque centrale a également annoncé la mise sur pied d'une nouvelle facilité de dépôt. D'une durée d'une semaine, celle-ci offre un taux de 0,90%, (95 points de base de plus que le taux de dépôt de -0,05%), qui est davantage aligné sur les taux directeurs d'autres pays d'Europe centrale disposant de leur propre monnaie (Tchéquie et Pologne: 1%). S'agirait-il d'une hausse de taux implicite? Avec ce nouvel outil de dépôt, la MNB tente de dégager des liquidités en HUF vu qu'il est moins intéressant pour les banques de placer de l'argent au taux négatif auprès de la banque centrale. Cela accroît la pression sur le forint qui, malgré une légère amélioration du climat des risques, continue de plonger. Après la publication du PMI décevant hier, le cours EUR/HUF est même tombé à 370!
Avec les mesures exceptionnelles annoncées hier, la MNB espère empêcher une nouvelle dépréciation du forint. La banque centrale a en outre annoncé que la quantité totale de liquidités en forints qu'elle acceptera chaque semaine dépendra des conditions de marché à ce moment-là. Tant que la monnaie hongroise restera à ses planchers actuels, nous pensons que la MNB ne fixera aucune limite. Un cours EUR/HUF à 350 pourrait être un premier point de référence important à partir duquel la banque centrale pourrait considérer qu'un calme "relatif" est revenu.