PMI: le verre est-il à moitié vide ou (un peu) à moitié plein?
confiance des entreprises de l’UEM. Cet indice est considéré comme un bon indicateur précurseur de la croissance. Le mois dernier, il a même changé la donne pour le positionnement des marchés ET pour la stratégie de la BCE. Tandis qu’à la réunion de politique du 12 septembre, Lagarde et ses collègues prêchaient encore la continuité, l’indice leur a donné un accès de panique: avec une croissance aussi faible, il y a de fortes chances que l’inflation refroidisse plus vite que prévu. Envisageons donc tout de même une étape supplémentaire de 25 pb en octobre, avec plus de perspectives à se mettre sous la dent. De petites observations marginales qui, en fin de compte, ont eu assez peu d’impact sur le marché ou la communication de la BCE. Plus tard, la première lecture de l’indice des directeurs d’achats a été revue à la hausse, de ‘dramatique’ à ‘moins terrible’ (PMI de l’UEM: 49,6). De même, certaines statistiques (production) s’avèrent moins graves que ce que les PMI avaient laissé entendre. Quoi qu’il en soit, la grande question d’aujourd’hui restait la suivante: les PMI convaincraient-ils le marché et la BCE de l’opportunité d’un assouplissement accéléré?
Les PMI français, publiés en premier, ne laissaient rien présager de bon: l’indice général poursuit son déclin, de 48,6 à 47,3. HCOB, l’organisme derrière les PMI, renvoie aux incertitudes majeures qui émaillent le contexte politique et budgétaire. Quant au rapport pour l’Allemagne, il est loin d’être bon, quoiqu’un peu moins mauvais qu’on ne le craignait. L’indice global reste en dessous de la barre des 50 qui sépare la croissance de la contraction, mais est remonté de 47,5 à 48,4. Bien que la production, les commandes et l’emploi continuent à baisser, les entreprises allemandes se montrent un peu plus optimistes vis-à-vis de l’avenir. La croissance du secteur des services a même repris du poil de la bête (51,4). HCOB évoque la lumière au bout du tunnel!
Au niveau de l’UEM, il y a somme toute peu de différence par rapport au mois précédent. L’indice général se maintient tout juste dans la zone de contraction (de 49,6 à 49,7). Une contraction un peu plus limitée (mais toujours profonde) dans l’industrie manufacturière (de 45,0 à 45,9) ‘compense’ pour ainsi dire l’affaiblissement de la croissance dans le secteur des services (de 51,4 à 51,2). Les commandes et l’emploi continuent à baisser; l’emploi diminue même au rythme le plus rapide depuis octobre 2020. L’industrie manufacturière perd toujours des travailleurs, tandis que les recrutements nets dans le secteur des services sont pratiquement à l’arrêt. Cette faiblesse de l’activité a pour effet de faire baisser la pression sur les prix. C’est ainsi que la hausse des prix des intrants connaît la progression la plus lente en quatre ans. Quant à l’industrie manufacturière, elle enregistre même une baisse des prix pour le deuxième mois consécutif. En revanche, les prix des services continuent à augmenter considérablement. Même constat, bien qu’en mode mineur, pour les prix à la production. Point important: dans sa note d’accompagnement, HCOB souligne que la contraction générale est due à la France et à l’Allemagne. Le reste de la zone euro affiche la croissance la plus forte en quatre mois!
Quelles leçons les marchés en tirent-ils? Le verre est-il à moitié vide ou tout de même à moitié plein? Après la publication du rapport pour la France, les taux (à court terme) ont replongé. Mais pour l’instant, les dégâts restent limités à 2 à 3 pb. Bien entendu, cela s’ajoute à la forte revalorisation intervenue ces derniers jours. Pour l’heure, le marché estime à un peu moins de 40% la probabilité que la BCE procède à un abaissement de 50 pb en décembre. HCOB considère que l’inflation des services élevée reste une raison de s’en tenir à 25 pb. Quoi qu’il en soit, ce rapport restera un élément parmi bien d’autres d’ici décembre. Après avoir piqué du nez (PMI français), le cours EUR/USD se redresse quelque peu. À 1,08, le niveau de soutien de 1,0778 n’est évidemment pas garanti. Les données américaines en décideront tout à l’heure.