1758837308
1758837308

Vulnérabilité politique de l’euro

Les marchés

La semaine dernière, l’agence de notation S&P avait dégradé la note de crédit de la France, de AA à AA-. S&P ‘craignait’ que la France ne parviendrait pas à ramener son déficit vers les 3% avant 2027. Le taux d’endettement devrait rester supérieur à 100% ‘sine die’. Réaction des marchés? Ils ont haussé les épaules et sont passés à autre chose. Le spread de crédit de la France est resté comme une eau tranquille.

Là où S&P a échoué à réveiller les marchés, le président français Macron a réussi dimanche soir en un claquement de doigts. Après le triomphe du Rassemblement National (RN) de Marine Le Pen aux élections européennes, il a opté pour une fuite en avant et a annoncé des élections législatives anticipées. Celles-ci se dérouleront en deux tours, le 30 juin et le 7 juillet. Le président français part du principe que les partis qui ne sont pas d’extrême droite s’uniront au second tour pour empêcher une victoire du RN. Reste à savoir si la tactique de Macron fonctionnera. La gauche française fait bloc à l’approche des élections. L’extrême droite étudie les possibilités de collaboration. Au centre-droit, le président du parti Les Républicains, Eric Ciotti, a créé la surprise hier en évoquant une entente possible avec le RN, un développement qui illustre les risques de la stratégie de Macron. En somme: la visibilité sur le paysage politique français après les élections est quasi nulle. Le pari de Macron rappelle involontairement l’annonce du référendum sur le Brexit par David Cameron en 2015. Cela n’arriverait pas/ne pourrait jamais arriver…

L’agence de notation de crédit Moody’s a d’ores et déjà averti que les élections représentaient un risque pour la nécessaire consolidation fiscale. Depuis, le spread de crédit français (par rapport au taux swap de l’UEM) a bondi, de 23 pb vendredi à 35 pb hier, un niveau inédit depuis l’approche des élections (polarisées) de 2017. Les inquiétudes financières ne se limitent pas à la France. Par effet de contagion, les primes de risque de crédit sont aussi à la hausse pour des pays comme l’Italie et la Grèce, et se communiquent même à l’Espagne, à la Belgique et à presque tous les autres. Une explication possible est que si des partis non traditionnels/populistes gagnent en importance (au sein du gouvernement ou en dehors), cela complique la consolidation fiscale.

Quoi qu’il en soit, la détérioration de la perception du risque vis-à-vis de l’Europe a mis à mal l’euro. La semaine dernière, la paire EUR/USD s’attaquait encore au cap de 1,09. La BCE avait fait preuve de réserve dans sa communication par rapport à d’autres abaissements à venir, entretenant l’espoir d’une poursuite de l’amélioration. Las: les payrolls américains solides et le ‘chaos’ qui a suivi les élections européennes ont fait replonger l’EUR/USD vers 1,075. Dans le contexte de volatilité (très) faible que nous avons connu ces temps-ci, il fallait généralement un mois ou plus pour ce type de mouvement. Aujourd’hui, les marchés se tournent brièvement vers le côté USD de l’équation, avec l’inflation pour le mois de mai et la décision de la Fed, qui va de pair avec de nouvelles perspectives/de nouveaux dots. Si le taux d’inflation s’avérait modéré et/ou si les dots de la Fed n’indiquent qu’une révision à la baisse limitée du nombre d’abaissements de taux (de 3 à 2), le dollar pourrait temporairement en pâtir. Mais à court terme, cela ne devrait pas tellement aider l’euro. À l’approche des élections françaises, nous partons plutôt du principe d’un modèle ‘sell-on-upticks’ pour l’EUR/USD, orienté vers le bas de la fourchette de 1,09/1,06.
 

EUR/USD: l’euro souffre de l’incertitude politique.  

Bron: Bloomberg

Disclaimer:

Ce document a été préparé par le desk KBC – Economic Markets et n'a pas été rédigé par le département Research.  Le desk est composé de Mathias Van der Jeugt, Peter Wuyts en Mathias Janssens, analysts  à KBC Bank N.V., entreprise réglementée par l'Autorité des marchés et des services financiers (FSMA). Ces recommandations de marché sont le résultat d'une analyse qualitative, dans laquelle il y a place pour l'expérience passée et les évaluations personnelles. Les avis sont basés sur les conditions actuelles du marché et peuvent être modifiés à tout moment. Les contributions les plus importantes proviennent de données accessibles au public, de nouvelles financières, de la politique économique et monétaire et d'analyses techniques actuelles. Le desk desk KBC – Economic Markets a fait des efforts raisonnables pour obtenir ces informations de sources qu'il considère comme fiables, mais le contenu de ce document a été préparé sans faire une analyse substantielle de ces sources. Aucune évaluation n'a été faite pour déterminer si ces informations sont appropriées ou non pour un investisseur particulier. Les avis sont nos avis actuels à la date indiquée sur ce document et peuvent différer des recommandations précédentes en raison de l'évolution des conditions du marché. Les auteurs ne garantissent pas l'exactitude, l'exhaustivité ou la valeur (commerciale ou autre) de ce document. De même, les auteurs ne sont pas responsables envers quiconque reçoit ce résumé de toute perte ou dommage (qu'il s'agisse d'un délit (y compris la négligence), d'une rupture de contrat, d'une violation de la loi ou d'autres obligations) résultant d'un acte ou d'une omission sur la base de ce contenu, ou de toute réclamation contre les auteurs concernant le contenu ou les informations contenues dans ce document. Toutes les opinions exprimées dans le présent document reflètent le jugement au moment de la préparation de l'examen et sont susceptibles d'être modifiées sans préavis. Étant donné la nature de cet avis (lié à la monnaie et aux taux d'intérêt), il n'est généralement pas de nature spécifique.   Il n'y a donc aucune référence à un quelconque contrat de financement d'entreprise et il n'y a donc pas de vue d'ensemble sur 12 mois basée sur les différents avis. Ce document n'est valable que pour une période très limitée, en raison de l'évolution rapide des conditions du marché.

Publications liées

La croissance européenne embarrasse la BCE

La croissance européenne embarrasse la BCE

Les devises d’Europe centrale sur la défensive

Les devises d’Europe centrale sur la défensive

Avalanche de chiffres en vue

Avalanche de chiffres en vue

Tour d'horizon monétaire

Tour d'horizon monétaire