Le FMI s’attend à une reprise lente et inégale
Hier, le FMI a publié ses nouvelles Perspectives de l’économie mondiale. Ses prévisions sont restées pratiquement inchangées par rapport à janvier: 3,2% pour 2024 et 2025. C’est toujours sensiblement plus lent que la moyenne de 3,8% que nous avons connue dans les années 2000 et 2010. Outre la croissance mondiale, le FMI a cependant apporté des modifications importantes à ses prévisions pour les différents blocs économiques, soulignant ainsi les divergences croissantes à l’échelle mondiale.
Le FMI a surtout revu ses prévisions de croissance pour les États-Unis. Elles ont été portées de 2,1% à 2,7% pour 2024, soit un peu au-dessus des prévisions de KBC. C’est principalement dû aux effets de report et à la politique monétaire expansionniste. Pour l’année prochaine, le FMI table toutefois sur une croissance de 1,9% (soit un peu en dessous des attentes de KBC).
Les prévisions d’une croissance forte aux États-Unis contrastent avec la faiblesse des prévisions pour la zone euro. Elles ont été revues à la baisse de 0,9% à 0,8% pour 2024 et de 1,7% à 1,5% pour 2025, essentiellement en raison de la faible croissance économique en Allemagne, en partie compensée par une croissance supérieure aux attentes dans de plus petits pays comme le Portugal et la Belgique. Pour la zone euro, les prévisions de croissance du FMI restent plus optimistes que celles de KBC. Pour d’autres économies développées, comme le Royaume-Uni et le Canada, les prévisions ont également été revues à la baisse.
Enfin, le FMI a mis à jour ses prévisions de croissance pour les économies émergentes. Si le chiffre pour la Chine est resté inchangé (4,6% pour 2024), le taux de croissance de l’Inde a été porté à 6,8% (contre 6,5% en janvier). Encore plus frappant: la révision du taux de croissance russe, désormais estimé à 3,2% pour 2024. Le pays résiste mieux que prévu aux sanctions économiques.
Le FMI a également souligné plusieurs risques susceptibles d’entraîner de nouvelles modifications des perspectives. Au niveau des risques baissiers, le FMI fait état d’éventuelles hausses des prix des matières premières à la suite de chocs géopolitiques (comme le conflit au Moyen-Orient). De même, l’inflation pourrait s’avérer plus tenace que prévu et entraîner une politique monétaire plus restrictive. La crise immobilière en Chine est une autre source d’incertitude. Dans de nombreux pays, la problématique de la dette risque de resurgir, tandis que la méfiance vis-à-vis des pouvoirs publics peut entraver la mise en œuvre des réformes nécessaires. Enfin, la fragmentation économique est un facteur qui peut gripper le commerce mondial.
D’un autre côté, le FMI identifie de nombreux risques haussiers. Des élections imminentes peuvent entraîner des mesures de stimulation fiscale; la pression sur les chaînes d’approvisionnement peut continuer à décroître et l’IA peut augmenter la productivité. Sans compter que des réformes structurelles plus poussées (surtout dans les économies émergentes) ne sont pas à exclure.