Rappel à la réalité
Cet été, le président de la Fed Powell et ses collègues ont admis qu’il n’y avait plus de raison de continuer à limiter l’économie avec une politique monétaire trop stricte. L’inflation s’atténue et l’activité ralentit. Début août, une hausse inattendue du taux de chômage a même ravivé les craintes récessionnistes. Les taux, les bourses et le dollar: tous ont chuté. Après cette embardée, les différents segments de marché y sont chacun allés de leurs propres logique et dynamiques internes pour trouver un nouvel équilibre.
Le marché des taux anticipe un cycle d’assouplissements de derrière les fagots: la Fed nous réserverait des abaissements cumulés à concurrence de 1% pour les trois réunions restantes de cette année (c’est-à-dire qu’il y aurait au moins un pas de 50 pb), avec 1,25% en plus l’année prochaine. Ce même marché des taux s’est également montré plus sensible aux données plus préoccupantes. De leur côté, les bourses ont continué à voir le verre à moitié plein après le choc de cet été. De leur point de vue, les mauvaises nouvelles restent (un peu) des bonnes nouvelles. Elles espèrent que le démantèlement de la politique restrictive de la Fed permettra d’éviter la récession et que l’économie est en voie de réaliser l’atterrissage en douceur parfait. Ainsi, elles ont rapidement annulé les effets du trou d’air de début août: les indices américains cotent à nouveau à des niveaux record (Dow) ou pas loin (S&P500). Mais enfin, l’assouplissement mondial des conditions monétaires a pesé sur le dollar, conduisant le cours EUR/USD à tester la zone de 1,12. La semaine dernière, les trois tendances ont montré des signes d’essoufflement. Les taux d’intérêt se sont heurtés aux planchers du début du mois. Le dollar a légèrement rebondi, notamment en raison de la faiblesse de l’euro. Les bourses résistent bien, mais sont en train de passer au régime inférieur et des niveaux de résistance important se profilent. Elles s’attendent à ce que la Fed mette en œuvre un assouplissement majeur. Et maintenant?
Pour les marchés, les taux d’inflation sont devenus moins importants que par le passé, surtout aux États-Unis. Vendredi, les PCE deflators n’ont pas inspiré les investisseurs. À Jackson Hole, Powell a clairement indiqué que la Fed ne voulait pas que l’économie/le marché du travail continuent à se refroidir. C’est ainsi que l’attention se déporte des données de l’inflation aux chiffres relatifs à l’activité économique. À cet égard, cette semaine nous réserve une mise à jour détaillée avec la publication de l’indicateur ISM de confiance des entreprises (industrie manufacturière demain; secteur des services jeudi), ainsi qu’une longue série sur le marché du travail (le nombre de postes vacants JOLTS mardi, le rapport privé sur le marché de l’emploi d’ADP mercredi, les demandes d’allocations de chômage le jeudi et les payrolls le vendredi).
La Fed a ajusté son objectif, mais reste à savoir à quelle vitesse elle le poursuivra et jusqu’où? Si les données sont moyennes, la dynamique de la deuxième quinzaine d’août se poursuivra sans doute. Après un repositionnement important, nous sommes curieux de connaître la réaction du marché en cas de surprise positive. Un abaissement de 100 pb pour cette année serait-il trop ambitieux? L’USD parviendra-t-il à s’appuyer sur des niveaux de support clés (DXY 100,6, EUR/USD 1,12/1,1276)? Tout n’est encore que spéculation, mais contrairement au mois dernier, il est possible que les accès de volatilité soient désormais dus à des données positives plutôt que négatives.