La CNB s’oriente vers un premier abaissement des taux
Hier, la couronne tchèque a conclu quasiment jour pour jour à son cours le plus bas en un an, juste au-dessous de EUR/CZK 24,60. L’affaiblissement de la couronne fait suite à la publication des chiffres de l’inflation pour le mois de septembre. Sur une base mensuelle, l’inflation a chuté plus que prévu (-0,7% en glissement mensuel), ramenant la comparaison en glissement annuel à son niveau le plus bas depuis décembre 2021 (à 6,9% en partant de 8,5%).
Le recul de l’inflation tchèque a ainsi pris de vitesse les estimations de la banque centrale (CNB) dans ses prévisions trimestrielles d’août. La CNB tablait sur un pic d’inflation de 7,2% en glissement annuel en septembre. L’inflation de base sous-jacente (5% en glissement annuel) est également inférieure aux prévisions (5,5%), surtout du fait du ralentissement de l’inflation des biens. De son côté, la baisse de l’inflation des services est principalement due à l’équivalent locatif. Bien que la CNB s’attende à une hausse de l’inflation (en glissement annuel) en octobre en raison des effets de base (subventions de l’électricité en octobre 2022), elle anticipe un retour vers les 3% (écart maximal autorisé autour de l’objectif de 2%) au début de l’année prochaine.
Nous comparons le taux d’inflation de septembre à la situation au moment de la réunion précédente de la CNB, quand le gouverneur Michl avait déclaré qu’un abaissement des taux n’était pas à l’ordre du jour, mais que la stratégie d’assouplissement était opérationnelle. Avec la baisse de l’inflation tchèque et les nouvelles projections trimestrielles, la probabilité d’un premier abaissement des taux de 25 pb en novembre augmente et devient notre nouveau scénario de prédilection. Ensuite, un deuxième abaissement des taux similaire pourrait avoir lieu en décembre, ce qui ramènerait le taux directeur à 6,5% d’ici la fin de l’année. La plupart des membres de la CNB mettent toutefois l’accent sur un démarrage progressif et prudent. Elle ne veut surtout pas brusquer les marchés (et la devise), contrairement à la Banque nationale de Pologne (NBP) qui avait ouvert le bal avec un abaissement des taux peu orthodoxe de 75 pb en septembre
En octobre, la NBP en est revenue à un abaissement plus traditionnel des taux de 25 pb. Depuis lors, le zloty polonais a le vent en poupe. D’autant que les abaissements de taux vont toujours de pair avec des mesures visant à réduire la quantité de liquidités. Le cours EUR/PLN se replie en direction de 4,50, effaçant pratiquement la remontée de 4,45 en direction de 4,70 intervenue après l’annonce choc de la NBP.
Ce week-end, des élections législatives auront lieu en Pologne. Le PiS, le parti au pouvoir du vice-premier ministre Kaczynski, reste de justesse en tête des sondages devant le principal parti d’opposition, la Plateforme civique (PO) de l’ancien premier ministre et ancien président du Conseil européen Tusk. Il est certain que le PiS perdra sa majorité absolue. De ce fait, la question est de savoir si le parti restera en tête et sera ainsi en mesure de prendre la direction des négociations en vue de former une coalition. Ces dernières années, le PiS a souvent ouvertement recherché le conflit avec l’Europe et pourrait poursuivre sur cette voie en cas de nouveau mandat. À moyen terme, le zloty pourrait en pâtir. Il n’y a qu’à voir la Hongrie et le forint. En revanche, un résultat électoral solide pour Tusk pourrait mettre un terme à l’impasse avec l’Europe sur l’indépendance du pouvoir judiciaire et permettre le dégel des subventions. Aux niveaux actuels, nous trouvons que le zloty s’est déjà relativement avancé sur le scénario d’un résultat électoral favorable à la devise. En principe, le cours EUR/PLN de 4,50 à 4,40 maximum constitue une zone de support solide.
Mathias Van der Jeugt, salle des marchés KBC