Statu quo en Tchéquie, ralentissement en Norvège
La Réserve fédérale américaine le mercredi, la Banque d’Angleterre le jeudi et les “payrolls” américains le vendredi: tous les gros titres étaient réservés d’avance. Aujourd’hui, nous nous rabattons donc sur les décisions de politique de la République tchèque et de la Norvège jeudi dernier.
La banque centrale tchèque a laissé son taux directeur inchangé à 7%, pour la troisième fois consécutive. Deux des sept membres de la CNB avaient voté en faveur d’un relèvement des taux de 75 points de base, mais n’ont pas eu gain de cause. Pourtant, selon les modèles économiques de la banque, le taux directeur devait dépasser 8% à court terme avant de diminuer à partir du deuxième trimestre de l’année prochaine. La CNB fait donc une croix sur ces sages résolutions, se voulant garante de stabilité (des taux) en période d’incertitude économique. Mais si la CNB refuse d’autres relèvements des taux à court terme, ils risquent de rester à leur niveau actuel plus longtemps que prévu. La CNB s’attend à ce que l’inflation tchèque culmine aux alentours de 20% à la fin de cette année (15,8% de moyenne sur l’année), avant de retomber vers l’objectif de 2% au premier semestre de 2024. Les prévisions de croissance pour cette année restent pour ainsi dire inchangées à 2,2%, mais elles ont été fortement revues à la baisse pour l’année prochaine: de +1,1% à -0,7%. La CNB s’attend à ce que la flambée inflationniste entraîne une stagnation économique du côté des ménages (consommation) et des entreprises (investissements). Enfin, la banque centrale reconnaît que l’avenir proche comporte de nombreux risques et incertitudes, que ce soit sous la forme d’un taux d’inflation plus élevé ou d’une croissance beaucoup plus faible. En dépit du statu quo, la CNB n’hésitera donc pas à relever les taux si, par exemple, les salaires augmentent plus rapidement que prévu ou si les anticipations inflationnistes dérapent. À cet égard, le gouverneur Michl a plaidé pour la mise en œuvre d’une politique budgétaire plus stricte afin de mieux maîtriser l’inflation. Après la décision de politique, la couronne tchèque se porte bien. Elle bénéficie d’une couverture permanente de la banque centrale, qui assure un plancher solide autour de 24,60/70 par le biais d’interventions sur les taux de change. Le cours EUR/CZK cote aujourd’hui à 24,37, son niveau le plus bas depuis la mi-août. Les taux du marché monétaire tchèque considèrent toujours que la CNB ne pourra pas maintenir son cours stable de 7% et misent sur un relèvement du taux directeur de 25-50 points de base lors d’une des prochaines réunions.
La banque centrale norvégienne a décidé à l’unanimité de relever son taux directeur de 25 points de base à 2,5%. Lors des trois précédentes réunions de politique, le taux a systématiquement été relevé de 50 pb. La Norges Bank indique que l’inflation est légèrement supérieure aux attentes et que le marché du travail est un peu plus serré. Sur cette base, elle aurait pu procéder à un relèvement des taux plus important. Mais d’autre part, il y a aussi le ralentissement économique, les efforts de normalisation déjà consentis et le refroidissement potentiel de l’inflation en raison des prix des biens et de l’énergie. D’où ce relèvement plus prudent des taux d’intérêt, mâtiné de la “garantie” d’un nouveau relèvement en décembre. La Norges Bank disposera alors de nouvelles perspectives économiques. Les marchés monétaires norvégiens estiment le pic des taux d’intérêt à 3,5-3,75%. Dans un premier temps, la couronne norvégienne a perdu du terrain suite à la décision prise la semaine passée (EUR/NOK 10,35), avant de se ressaisir en direction de EUR/NOK 10,20. Depuis près de deux ans, la paire de devises fluctue dans une large fourchette entre 9,50 et 10,70.
Mathias Van der Jeugt, salle des marchés KBC