Les devises d'Europe centrale tiennent étonnamment bon
Hier, nous avons évoqué le fait que la politique monétaire de la Riksbank affectait la couronne suédoise. Le marché des changes n’est clairement pas dans une approche "too little, too late". Le signal est différent au niveau des devises d’Europe centrale.
Les banques d’Europe centrale ont été les premières à se lancer dans une campagne anti-inflation. Elles ont cherché et trouvé, par essais et erreurs, un niveau de taux qui leur permet de rester dans l’expectative et de laisser la politique faire son travail. Depuis les pauses de taux opérées par les banques centrales tchèque (CNB) et polonaise (NBP), les devises des deux pays n'ont pratiquement pas été sous pression. Elles ont même réalisé une belle remontée. La CNB et la NBP se disent toujours prêtes à relever leurs taux si nécessaire. La banque centrale hongroise (MNB) a mis un terme à son cycle de taux trop tôt en septembre et s'est pris un retour de bâton. Après quelques mesures de « soutien d’urgence » (entre autres un taux O/N à 18 %), la pression est également retombée depuis la fin de l’année dernière. La bonne tenue de la couronne, du zloty et du forint hongrois s’inscrit par ailleurs dans un contexte où le différentiel de taux avec la zone euro diminue lentement mais sûrement.
A priori, on pouvait douter que des taux de 7 % (CNB), 6,75 % (NBP) ou 13 %/18 % (MNB) suffisent à maîtriser une inflation de 15 %+, voire 25 %+ (Hongrie). Le marché s'est depuis fait à l'idée. Il s’attend à ce que le refroidissement de l’inflation puisse entraîner un taux directeur réel nul, voire positif, dans les prochains mois. Même si la BCE relève son taux de dépôt à 4 %, le taux directeur réel dans l’UEM ne repassera probablement pas en positif avant l’année prochaine, dans le meilleur des cas. Le taux d’intérêt nominal relativement élevé, le différentiel de taux et les perspectives bénéficiaires pour les investisseurs obligataires créent des conditions favorables ("sweet spot") pour les devises d'Europe centrale. Celles-ci profitent à présent d’une politique monétaire "qui anticipe". À l’heure actuelle, la banque centrale tchèque et, dans une moindre mesure, la banque centrale polonaise se montrent en outre toujours favorables à un renforcement de la devise pour aider à refroidir l’inflation. Si nécessaire, elles pourraient même à nouveau intervenir sur le marché des changes. En résumé, des devises comme le PLN et la CZK offrent actuellement un bel équilibre entre risque et rendement. En attendant, beaucoup de bonnes nouvelles sont déjà intégrées dans les cours.
Petit retour en arrière sur la décision de taux de la MNB de ce mardi. La banque centrale hongroise a fait passer la limite supérieure de sa fourchette de taux (complexe) de 25 % à 20,5 %. Une décision plutôt d'ordre symbolique, mais qui ouvre officiellement le débat sur une diminution du taux d’urgence de 18 %. La MNB a indiqué qu’elle ferait preuve d’une grande prudence et qu’elle surveillerait de près tous les paramètres relatifs à la stabilité financière et économique. Peut-on s'attendre à un premier pas modeste, de 50 points de base par exemple, en mai ? La réaction du forint est restée limitée. À EUR/HUF 373, la devise hongroise tient bon. Le marché est convaincu que la NMB a tiré les leçons de ses erreurs de l’année dernière et qu’elle n’ira pas trop vite en besogne. Nous restons néanmoins d’avis que la zone de EUR/HUF 370/366 constitue un solide niveau de résistance pour la devise hongroise.