La couronne tchèque, le zloty polonais et le forint hongrois sous pression

Les marchés

Les dernières semaines n'ont pas été des plus reluisantes pour les devises d'Europe centrale. Le cours EUR/CZK a grimpé de 25,75 à la mi-février à 26,15. Le cours EUR/PLN n'est pas parvenu à passer sous la barre des 4,50 et reprend le chemin des 4,55. Le cours EUR/HUF flirte pour la première fois depuis la fin de l'année dernière avec un niveau de 365. Les cours record tout juste inférieurs à 370 sont désormais à portée de main.

Comment expliquer ce recul soudain? Le sursaut de volatilité de la semaine dernière constitue une première raison importante. Les autres raisons sont plutôt propres à chaque pays. La Tchéquie bat à nouveau des records sur le plan du nombre de contaminations au coronavirus. À la fin de la semaine dernière, le premier ministre Andrej Babis a pris les mesures de confinement les plus strictes jusqu'à présent devant le constat que les hôpitaux commencent à perdre pied face au nombre croissant d'hospitalisations. Il est frappant de constater que les taux d'intérêt tchèques diminuent à peine sur l'extrémité courte de la courbe. Le marché part toujours du principe que la banque nationale tchèque (CNB) va relever les taux cette année. La CNB plaide en faveur d'une politique orthodoxe et prône elle-même une normalisation de la politique. Elle veut ainsi contrebalancer les assouplissements fiscaux. Le marché estime que l'impact économique marginal de cette énième vague de contaminations s'atténue. Combinée au déploiement de la campagne de vaccination, cette évolution devrait provisoirement soutenir la trajectoire de la croissance et de l'inflation. Assez paradoxalement, la dépréciation de la devise plaide également en faveur du maintien des attentes de normalisation. La devise et le taux directeur sont aux yeux de la CNB des vases communicants. Un taux de change plus faible que prévu se traduit souvent par un taux directeur légèrement supérieur, et inversement. En ce qui concerne le recul limité des taux d'intérêt, contrairement à la tendance observée cette semaine ailleurs dans le monde, nous tenons à rappeler que la CNB est l'une des rares banques centrales au monde à ne pas disposer d'un programme d'achat d'actifs. Malgré le récent recul, nous maintenons à plus long terme notre vision positive à l'égard de la couronne tchèque.

Pour ce qui est du zloty polonais, sa récente dépréciation fait au moins plaisir à une partie. À la fin de l'année dernière, le cours EUR/PLN de 4,50 avait convaincu la banque centrale polonaise de dévaluer la devise à travers des interventions sur les taux de change. La NBP se réunit cet après-midi. En principe, elle maintiendra sa politique extrêmement/trop (?) souple. Le contexte macroéconomique sous-jacent laisse toujours présager un renforcement du zloty à plus long terme.

La banque centrale hongroise se trouve pour sa part dans une situation un peu plus délicate. Depuis quelques années, elle cherche à obtenir le meilleur de deux mondes. Une politique monétaire extrêmement souple combinée à une devise stable/légèrement en repli. En accélérant la chute de la devise hongroise, la crise du coronavirus a obligé la banque centrale à passer à l'action. Lorsque le cours EUR/HUF s'est mis à avoisiner les 370, la MNB a porté son taux de dépôt à une semaine à 0,75% afin de réduire la liquidité du forint. Depuis lors, ce taux (et le différentiel de 0,15% par rapport au taux de base) est resté inchangé. Cependant, les taux d'intérêt réels hongrois qui s'enfoncent de plus en plus en terrain négatif pèsent à nouveau sur la devise hongroise. Pour commencer, la MNB a admis les risques accrus d'inflation. En principe, l'inflation sous-jacente devrait dépasser encore davantage l'objectif d'inflation dans les prochains mois (en direction de 4,5%). Dans ce contexte, la MNB pourrait décider plus rapidement que prévu de procéder à un resserrement monétaire (en relevant une nouvelle fois le taux de dépôt à une semaine), en particulier si le cours EUR/HUF de 370 se profile à l'horizon.

Mathias Van der Jeugt, salle des marchés KBC

EUR/HUF: le forint à nouveau mal embarqué

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