Les effets du coronavirus dans le monde

Les marchés

Le moteur allemand connaît des ratés depuis fin 2018. Les usines souffrent en effet du conflit commercial entre les États-Unis et la Chine, du ralentissement de la croissance mondiale et des difficultés rencontrées dans l'industrie automobile. Au dernier trimestre de l'année passée, l'économie allemande s'est retrouvée complètement à l'arrêt. Tant le secteur privé que le secteur public ont considérablement réduit leurs dépenses. Les entreprises ont postposé leurs investissements et le commerce international a ralenti. À cela s'ajoutent des perspectives qui n'ont rien d'encourageant. Dans son rapport mensuel, la Bundesbank explique que l'économie allemande restera fragile en ce début d'année. Malgré la détente observée entre Américains et Chinois et de timides signes d'amélioration (ex.: les indicateurs de confiance PMI), un nouveau risque vient de faire son apparition: le coronavirus. La banque s'attend à ce que l'épidémie perturbe fortement les chaînes de production internationales, ce qui aura évidemment un impact sur l'économie allemande, portée sur les exportations. Les investisseurs ne se montrent pas plus rassurés. L'indice ZEW, qui reflète la confiance des investisseurs dans l'économie allemande dans un horizon de 3 à 6 mois, s'est effondré en février et a terminé le mois à 8,7, contre 26,7 en janvier (consensus: 21,5).

L'économie japonaise est également durement touchée. Elle a ainsi enregistré un taux de croissance de 1,6% (glissement trimestriel) au dernier trimestre de 2019, sa plus forte baisse en plus de 5 ans. Le relèvement de la TVA de 8% à 10% en octobre, les conditions climatiques extrêmes et l'affaiblissement de la demande mondiale ont pesé sur l'économie du pays. La consommation privée a chuté de 2,9%. Les ménages japonais avaient anticipé la hausse de la TVA et avaient avancé certaines de leurs dépenses du quatrième au troisième trimestre. Les entreprises ont aussi fortement réduit leurs dépenses, de 3,7%. Et bien que les exportations nettes aient contribué positivement au PIB (0,5%), tant les importations (-2,6%) que les exportations (-0,1%) ont diminué. Les investissements publics (1,1%) ont quant à eux apporté une contribution positive, sans toutefois réussir à compenser les autres fortes baisses. Les perspectives ne sont guère réjouissantes. Le coronavirus menace de plonger l'économie en récession ce trimestre. Les autorités nippones se tiennent prêtes à intervenir si nécessaire. Le gouverneur de la banque centrale (BoJ), Haruhiko Kuroda, a ainsi déclaré que la banque n'hésiterait pas à prendre des mesures de soutien monétaires si l'épidémie venait à menacer considérablement l'économie. Le ministre des Finances, Taro Aso, a quant à lui expliqué ce matin que son ministère desserrerait l'étau budgétaire si cela s'avère nécessaire.

Beaucoup se demandent aujourd'hui si le coronavirus n'aura qu'un effet passager ou s'il faut s'attendre à une catastrophe de grande ampleur. Les conséquences de l'épidémie se font de plus en plus ressentir à l'échelle internationale. De nombreuses entreprises ont provisoirement fermé leurs implantations chinoises, les compagnies aériennes ont (en partie) supprimé leurs vols vers la Chine... Hier, Apple a tiré la sonnette d'alarme. L'entreprise a dû fermer beaucoup de ses magasins en Chine et ceux qui sont toujours ouverts (ou qui ont rouvert leurs portes) attirent moins de clients. En outre, le virus tient également ses usines chinoises en otage.

Les bourses asiatiques étaient dans le rouge cette nuit. C'est également le cas des bourses européennes ce matin. Les taux (américains) affichent des reculs allant jusqu'à 4 points de base. Sur le marché des changes, le yen japonais gagne du terrain, alors que le cours EUR/USD flirte avec ses niveaux les plus bas depuis 2017.

Youssra El Nasire, salle des marchés KBC

Taux à 10 ans américain: les investisseurs cherchent les valeurs refuges

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