Des entreprises américaines moins confiantes
L'Institute for Supply Management (ISM) évalue tous les mois le niveau de confiance des directeurs d'achat des entreprises américaines. Il s'agit d'un indicateur très suivi en raison de son caractère prévisionnel et de sa corrélation avec la conjoncture. La série de données sur l'industrie manufacturière constitue en particulier un bon baromètre. En raison du Labour Day, les États-Unis n'ont publié ces chiffres qu'hier. Le réveil après un long week-end a été dur pour les Américains...
La confiance dans l'industrie manufacturière s'est, contre toute attente, repliée en août. Mais ce n'est pas tout. Le chiffre (49,1) est passé sous la barre des 50 points, qui correspond à une croissance nulle dans le secteur. Il s'agit du niveau le plus bas enregistré depuis janvier 2016. En outre, ce chiffre global ne dit pas tout. Sur les dix séries de données composant l'indice, neuf ont terminé sous le seuil des 50. Ainsi, on constate que l'industrie est en train de réduire ses effectifs: cette partie de l'indicateur a chuté de 51,7 en juillet à 47,4 en août. Les raisons sont faciles à trouver: la forte diminution des commandes, que ce soit à l'intérieur du pays (47,2) ou en provenance de l'étranger (43,3!) provoque en effet un recul de la production (49,5).
La production est sous pression partout dans le monde, notamment à cause du ralentissement de la croissance mondiale et des tensions commerciales. Ce climat pousse également les directeurs d'achat américains à progressivement envisager l'avenir de façon plus négative. Ces statistiques décevantes sont aussi de mauvais augure pour d'autres chiffres importants à paraître cette semaine (ADP, ISM du secteur des services, payrolls). Nous sommes par ailleurs curieux d'entendre l'avis de certains membres de la Fed et nous attendons aussi de voir si le "Beige Book" confirme ces mauvais chiffres.
Le marché a fortement réagi hier. Les bourses américaines ont plongé dans le rouge et les taux ont chuté de plus de 5pb. Le dollar a été secoué: le cours EUR/USD a récupéré les pertes qu'il avait subies et a clôturé juste en dessous de 1,10. D'un point de vue technique, la situation reste néanmoins (provisoirement?) toujours favorable au billet vert.
Croissance faible, mais pas plus faible, en Australie
De l'autre côté du globe, le verre est plutôt considéré comme à moitié rempli. La banque centrale australienne (RBA) a maintenu son taux directeur inchangé à 1%, un niveau qui reste historiquement bas. Mais la banque ne s'est cependant pas montrée si négative dans son communiqué de presse. Elle observe ainsi des signes de stabilisation sur le marché du logement. Une nouvelle importante pour la consommation privée. D'après la banque, la pression inflationniste restera probablement limitée dans un avenir proche, mais la croissance devrait se renforcer et évoluer en direction de son potentiel dans les prochaines années. Les chiffres publiés ce matin font d'ores et déjà état d'une dynamique modérément positive. L'Australie a en effet enregistré un taux de croissance de 0,5% en glissement trimestriel au deuxième trimestre. Cela n'a rien d'un exploit, mais la croissance a au moins cessé de reculer par rapport au premier trimestre. Le dollar australien a beaucoup souffert ces dernier mois. La monnaie se trouve à des niveaux qui n'avaient plus été atteints depuis la crise financière vis-à-vis du dollar américain et ce, même si nous constatons des signes timides de reprise. Le marché considère cependant toujours que la RBA devra encore intervenir pour contrer le ralentissement de la croissance.