La BCE va-t-elle pousser le cours EUR/USD en direction de 1,14?
Les banques centrales font leur retour sur le devant de la scène depuis quelques semaines. Le ralentissement (redouté) de la croissance mondiale les pousse en effet à ajuster leur politique monétaire afin de soutenir une économie déjà en fin de cycle. Au début du mois passé, la Nouvelle-Zélande a été la première à couper dans ses taux. L'Australie lui a emboîté le pas hier. La Banque du Japon n'a pour le moment pas encore touché à ses taux, mais le marché monétaire anticipe de plus en plus un premier assouplissement. Les taux sont sérieusement secoués aujourd'hui. Le taux à 10 ans est ainsi tombé à -0,12%, son niveau le plus bas depuis mi-2016. Enfin, la Fed a fait savoir hier, par la bouche de son président Jerome Powell, qu'elle était prête à intervenir pour, le cas échéant, soutenir la croissance. Cela confirme ce que les taux américains anticipent déjà depuis un moment. C'est donc dans ce contexte que les responsables de la Banque centrale européenne (BCE) vont se réunir demain.
La nervosité devient de plus en plus palpable au sein de la BCE. Jusqu'à présent, la banque assimile toujours la décélération actuelle à un phénomène temporaire. Cette notion de "temporaire" est vaste, mais elle commence tout de même à atteindre ses limites. Un ralentissement économique d'une telle durée risque de saper la confiance des producteurs et des consommateurs, avec toutes les conséquences que cela implique. La Banque centrale européenne est donc de plus en plus sous pression. Dans ces conditions, à quoi faut-il s'attendre pour demain?
Demain, nous serons avant tout attentifs aux nouvelles prévisions de croissance et d'inflation présentées par le nouveau chef économiste, Philip Lane. Celles-ci constituent en effet la base de la politique monétaire. Les projections de la BCE ne vont certainement pas faire l'objet de modifications substantielles, mais les risques d'une (légère) révision à la baisse, surtout à la fin de l'horizon de la politique, sont réels. Le marché se positionne d'ailleurs de plus en plus en prévision d'une baisse. Cependant, Draghi & Co ne vont très probablement pas bouger à leurs (prévisions de) taux. Cela pourrait relancer le débat sur les effets secondaires. À moins que la banque ne prévoie des mesures de compensation, telle qu'un système de dépôt graduel. Ce débat est néanmoins passé au second plan ces dernières semaines. Il fera certainement l'objet de discussions durant la réunion de politique, mais nous ne nous attendons toutefois à aucune décision concrète à ce sujet. La BCE a d'ores et déjà annoncé le lancement d'un troisième programme TLTRO. Elle présentera les détails de ces opérations de financement à long terme demain. Principale inconnue: le taux utilisé. Certains gouverneurs de la BCE ont déjà évoqué l'éventualité d'un taux un peu plus élevé que celui du TLTRO II. Cela n'aurait rien d'étonnant au vu de l'importante évolution des conditions économiques. En ce qui concerne l'assouplissement quantitatif, nous nous attendons à une confirmation de l'actuelle politique de réinvestissement.
Pour le marché des changes, c'est la crédibilité de la BCE qui sera en jeu demain. Si Draghi ne parvient pas à convaincre les investisseurs de la force de réaction de la BCE, alors que la Fed devrait selon toute probabilité abaisser ses taux dans les prochains mois, cela pourrait pousser le cours EUR/USD, qui teste actuellement un premier niveau de résistance autour de 1,1265, en direction de 1,14.