Perspectives économiques pour l' Europe centrale et orientale
Risques de dégradation de la production industrielle dans les pays d'Europe centrale et orientale (ECO)
La croissance du PIB dans les économies d'Europe centrale et orientale a considérablement varié depuis le début de l'année 2024. Les impressions du troisième trimestre ont creusé l'écart, allant d'une croissance de -0,7 % par trimestre en Hongrie à 0,6 % par trimestre en Bulgarie, tandis que la République tchèque et la Slovaquie ont enregistré des gains positifs modestes (voir figure ECO1). Pour le dernier trimestre de cette année, nos prévisions actualisées indiquent une stagnation de l'activité économique en Hongrie et une dynamique de croissance probablement inchangée dans le reste des économies de l’ECO.
Toutefois, si l'on examine plus particulièrement la production industrielle, qui représente une part relativement élevée du PIB total dans les économies régionales, le tableau est moins positif. Par rapport au niveau de 2019, la production industrielle est restée stable en République tchèque, en Slovaquie et en Hongrie, sans signaux clairs de redressement (voir figure ECO2).
Ceci est en accord avec les lectures récemment publiées du sentiment industriel. En République tchèque, l'indice PMI du secteur manufacturier est resté visiblement en dessous du seuil des 50 points pendant près de deux ans et demi. Si l'on considère l'enquête harmonisée de la CE auprès des entreprises, les indicateurs de confiance de l'industrie continuent de se détériorer et restent à des niveaux relativement bas d'un point de vue historique (voir figure ECO3).
L'évaluation du niveau des carnets de commande, un indicateur prospectif important, est particulièrement préoccupante. Les perspectives de la Hongrie, en particulier, sont sombres et très semblables à celles de l'Allemagne (voir figure ECO4).
La production industrielle dans la région de l’ECO est freinée par la faiblesse de la demande extérieure, largement liée à la sous-performance du secteur industriel allemand. En fait, la production industrielle en Allemagne est en baisse constante depuis sept ans déjà, avec un déclin de 18 % par rapport au pic de 2017. Une combinaison d'obstacles cycliques et structurels est susceptible de freiner la production également au cours des prochains trimestres. Dans notre scénario de base, nous supposons une amélioration progressive à partir du second semestre 2025 et plus encore en 2026, lorsque l'assouplissement attendu de la politique budgétaire allemande ainsi que les réformes du côté de l'offre du nouveau gouvernement sont susceptibles de stimuler l'activité économique globale.
Dans le même temps, il existe un risque important d'augmentation des droits de douane américains au début de l'année 2025. Si l'exposition commerciale directe des économies de l’ECO aux États-Unis est relativement faible, l'exposition indirecte via les chaînes d'approvisionnement de l'Allemagne (ainsi que par le biais du canal de la confiance) est notable (voir figure ECO5).
L'impact des politiques commerciales de Trump reste toutefois très incertain car nous manquons de détails sur leur portée et leur calendrier. Néanmoins, les économies de l’ECO sont, en général, parmi les plus exposées aux menaces croissantes qui pèsent sur le commerce mondial, telles qu'un protectionnisme accru, compte tenu de leur niveau élevé d'ouverture (exportations par rapport au PIB).
Dans l'ensemble, nos perspectives de PIB prévoient des taux de croissance relativement solides dans les pays de l’ECO l'année prochaine. Les perspectives sont néanmoins dominées par une grande incertitude et des risques de baisse, en particulier pour le secteur industriel qui reste soumis à des pressions considérables en raison d'un environnement extérieur défavorable.