Perspectives économiques pour la Belgique
L'estimation rapide précédente de la croissance du PIB de la Belgique pour le troisième trimestre 2024 a été légèrement révisée à la hausse par l'Institut des comptes nationaux (ICN), de 0,2 % à 0,3 % par rapport au trimestre précédent. Cette révision à la hausse a aligné la croissance du troisième trimestre sur celle de la zone euro (hors Irlande) et signifie que l'activité belge a augmenté à un rythme régulier de 0,3 % pour le quatrième trimestre consécutif. En ce qui concerne les données relatives aux composants, la consommation privée a surpris avec une augmentation de 1,4 %, l'expansion trimestrielle la plus rapide depuis la pandémie. L'investissement dans les bâtiments résidentiels a augmenté de 0,6 % après la forte contraction de 2,1 % au deuxième trimestre. En revanche, l'investissement des entreprises a reculé de 3,0 %, principalement en raison d'un investissement exceptionnel dans les services de TIC au deuxième trimestre. La consommation et l'investissement publics ont également baissé, de 0,7 % et 0,3 % respectivement. Les exportations et les importations ont diminué respectivement de 2,3% et de 2,1%, de sorte que les exportations nettes ont contribué négativement à la variation du PIB (-0,1 point de pourcentage). Enfin, la variation des stocks, qui comprend également des divergences statistiques, a contribué positivement (+0,4 point de pourcentage), après avoir fortement pesé sur la croissance du PIB au cours des deux trimestres précédents (voir figure BE1).
Perspective sectorielle
En ce qui concerne l'approche du PIB par la production, la croissance soutenue du troisième trimestre est due à l'activité dans les services et la construction, où la valeur ajoutée (en volume) a continué d'afficher une croissance positive de 0,4% et 0,2%, respectivement. Les services non marchands (+0,7%) ont connu une croissance plus forte que les services marchands (+0,3%). Dans l'industrie, la valeur ajoutée s'est à nouveau contractée, cette fois d'un petit 0,1%. Dans le sous-secteur plus étroit de l'industrie manufacturière (hors énergie), l'activité a toutefois augmenté de 0,5 % (voir figure BE2).
Les indicateurs de haute fréquence, tels que l'évaluation des commandes à l'exportation, indiquent également des signes timides d'amélioration récente dans l'industrie manufacturière belge. Malgré un léger rebond en novembre, le sentiment général dans le secteur reste toutefois modéré. Les entretiens menés pour le dernier NBB Business Echo indiquent que, en particulier, les industries à forte consommation d'énergie sont confrontées à la pression d'une demande réduite, d'une surcapacité mondiale et de coûts toujours élevés. Dans les services aux entreprises et la construction, l'amélioration du climat général s'est poursuivie en novembre. Il convient de noter que les perspectives de la demande dans la construction ont connu un revirement remarquable (voir figure BE3).
Alors que le moral des producteurs s'est légèrement amélioré en octobre et novembre, le moral des consommateurs s'est détérioré dernièrement, ce qui indique que la forte croissance de la consommation privée au troisième trimestre ne se répétera probablement pas au dernier trimestre. Les fondamentaux de la consommation se sont affaiblis. L'incertitude mondiale s'est accrue, ce qui est susceptible d'accroître les intentions d'épargne des ménages, tandis que le refroidissement du marché du travail a un impact sur le pouvoir d'achat. La croissance trimestrielle de l'emploi intérieur s'est arrêtée au deuxième trimestre et très peu d'emplois ont été créés au troisième trimestre. Les données relatives au taux de chômage de la Belgique depuis la mi-2024 ont été légèrement révisées à la hausse par Eurostat. La série harmonisée des taux de chômage montre maintenant une tendance légèrement à la hausse depuis l'été 2024. En octobre, le taux (corrigé des variations saisonnières) s'élevait à 5,8%, contre 5,5% en juin.
Petite mise à jour du scénario
Ce mois-ci, les révisions de notre scénario pour l'économie belge sont limitées. Suite aux ajustements d'Eurostat, nous avons revu à la hausse l'estimation du taux de chômage fin 2024 de 5,6% à 5,8%. En tenant compte de la révision à la hausse de l'ICN pour la croissance du PIB au troisième trimestre et en maintenant notre estimation pour la croissance du quatrième trimestre à 0,2 %, nous avons augmenté les perspectives de croissance pour l'ensemble de l'année 2024 de 0,9 % à 1,0 %. Notre prévision de croissance du PIB pour 2025 a été maintenue à 0,6 %. Comme nous l'avons expliqué dans notre publication du mois précédent, ces perspectives relativement baissières sont liées au virage protectionniste attendu des États-Unis suite à la réélection du président Trump. Nous considérons le choc commercial international qui en résultera comme acquis dans notre scénario de base, alors que la plupart des autres prévisionnistes le considèrent toujours comme un risque clé.
L'inflation harmonisée belge (IPCH) pour novembre est ressortie un peu plus élevée que prévu, à 4,8 %, contre 4,5 % en octobre. Par conséquent, nous voyons maintenant l'inflation IPCH annuelle moyenne atteindre 4,3 % en 2024. Dans notre scénario actualisé, nous constatons toujours un relâchement des pressions inflationnistes en 2025, mais nous pensons que l'inflation belge atteindra en moyenne 2,6 % l'année prochaine, contre 2,3 % dans nos prévisions précédentes. Cette révision à la hausse fait suite à un certain nombre de mesures prises récemment par les gouvernements régionaux et les entreprises (semi-) publiques qui maintiendront l'inflation de base à un niveau légèrement plus élevé que prévu (notamment une augmentation du prix des titres-services dans les trois régions, une facture d'eau potable plus élevée en Flandre en raison de la répercussion des coûts de traitement de l'eau, des tarifs postaux et de transport public plus élevés).