Divergence scandinave
La banque centrale suédoise (Riksbank) a, comme attendu, abaissé son taux directeur de 50 points de base (pb) aujourd'hui. Ce dernier a donc été ramené à 2,75 %, soit 125 pb de moins que le pic de 4 % maintenu entre septembre 2023 et mai 2024. Et ce n’est pas tout. Le gouverneur, Erik Thedéen, et ses collègues ont confirmé leur intention de réduire encore les taux en décembre et au premier semestre de 2025 (une ou deux fois de plus). Après aujourd’hui, la Riksbank entend surtout accélérer un peu la cadence par rapport à la trajectoire prévue en septembre, où l’hypothèse était d’atteindre 2,25 % à la mi-2025. En décembre, la banque centrale publiera de nouvelles prévisions de croissance et d’inflation. Un plancher (légèrement) inférieur est probable.
La déclaration de politique extrêmement succincte contient peu de nouvelles informations. La Riksbank cherche des signes de la reprise tant espérée, mais n'en trouve pas pour le moment. Le contexte international (conséquences des élections américaines, politique de la Fed…) ne fait qu'accroître encore les incertitudes. En plus de stimuler la croissance, une politique monétaire plus souple a également un effet inflationniste. L’indicateur d’inflation préféré de la banque s'est établi à 1,5 % en glissement annuel en octobre, soit légèrement au-dessus de ses projections de septembre, mais en dessous de l’objectif d’inflation de 2 % et ce, pour le cinquième mois consécutif. La banque centrale a par ailleurs fait le point sur la poursuite de la réduction progressive de son bilan. Grâce aux échéances et aux ventes supplémentaires, le portefeuille obligataire – constitué dans le cadre des mesures de relance monétaires débridées de l'ère Covid – est passé d’environ 350 à 170 milliards de couronnes à l'heure actuelle. La banque centrale compte mettre un terme à ce démantèlement progressif à la fin de l’année prochaine et conserver ainsi environ 20 milliards de couronnes au bilan.
L’approche relativement agressive de la Suède limite le potentiel de reprise de la devise face à un euro globalement faible. Les sommets annuels autour de EUR/SEK 11,78 demeurent à portée de main et constituent un dernier seuil technique avant le record de EUR/SEK 12 datant de 2023.
Une demi-heure après la Riksbank, c’était au tour de sa voisine norvégienne de s'exprimer. La Norges Bank maintient toujours son taux directeur au pic de 4,5 %, en vigueur depuis fin 2023. Selon le gouverneur, Wolden Bache, il ne faut s'attendre à aucun changement avant le premier trimestre de l’année prochaine. L’inflation norvégienne ralentit un peu plus rapidement que prévu (dans les prévisions de septembre) en direction de l’objectif de 2 %, mais la faiblesse de la couronne norvégienne, l’augmentation des anticipations inflationnistes dans le monde et la hausse des coûts des entreprises (c’est-à-dire des salaires) freinent le processus de désinflation. La couronne norvégienne a, contrairement à sa cousine suédoise, rebondi. À 12 en début de semaine, le cours EUR/NOK prend maintenant la direction de 11,75. Malgré un contexte de taux plus favorable, la devise norvégienne est restée déprimée ces derniers mois, principalement à cause du recul du prix du pétrole. Le prochain seuil technique se situe à EUR/NOK 11,60.
Mathias Van der Jeugt, salle des marchés KBC