Un plancher plus solide après la correction des taux ?
Le nouvel équilibre de marché n’a pas été mis en péril hier, lors d'une journée pauvre en nouvelles. Le dollar américain et, surtout, les taux d’intérêt ont encore augmenté par rapport aux niveaux de support qui ont été testés. Les bourses américaines montrent de premiers signes de doute/division concernant les records absolus des cours. Dans ce article nous passons en revue les principaux rendez-vous de la semaine.
Aujourd’hui, les yeux seront principalement tournés vers le gouverneur de la Fed, Christopher Waller. Cette année, les discours de ce dernier ont servi de boussole aux marchés. Dans ces colonnes, il a déjà été qualifié de leader et de porte-parole de la grande minorité au sein de la banque centrale américaine (9 sur19), qui avait plaidé en faveur d'un maximum de deux baisses de taux cette année lors de la réunion de mars. En février, il a été le premier à mettre en garde (« what's the rush ? ») contre les tensions persistantes sur les prix sur fond de croissance stable et de marché du travail robuste. Fin mars, son nouveau message (« there's still no rush ») a été bien entendu par les marchés suite aux publications successives de chiffres d'inflation plus élevés que prévu. Il est difficile de prédire ce que dira le possible successeur de Jerome Powell à la tête de la Fed cet après-midi, mais une chose est d'ores et déjà sûre. Ses prévisions (personnelles) concernant l’orientation de la politique monétaire inspireront les nouvelles projections relatives au taux directeur que publiera la Fed en juin. Elles seront mises en parallèle avec les attentes actuelles du marché (baisses de taux en septembre et décembre). Des commentaires un peu plus prudents pourraient entraîner une prolongation de l’exercice d’équilibriste actuellement observé sur les marchés des taux. Le fameux va-et-vient entre septembre et décembre…
Au Royaume-Uni, trois événements déterminants sont à pointer cette semaine, à savoir le discours du président de la BoE, Andrew Bailey, après la clôture des marchés ce soir, les chiffres de l'inflation demain matin et les ventes au détail vendredi. Ce sont surtout les deux premiers qui pourraient permettre d'y voir plus clair sur la probabilité d'un premier abaissement de taux de 25 points de base lors de la prochaine réunion de juin. Le marché évalue cette probabilité à 43,5 %. Nous pensons que Bailey sera tenté de presser la détente, vu l'évolution de l’inflation vers/sous de l’objectif de 2 % en mai. Cela renforce encore le plancher sous le cours EUR/GBP (0,85).
Enfin, la Banque centrale européenne publiera jeudi le résultat moyen des négociations salariales du premier trimestre. L’année dernière, l’inflation salariale a oscillé entre 4,36 % (premier trimestre 2023) et 4,69 % (troisième trimeste 2023). Au sein de cette fourchette, la marge pour d'autres baisses de taux après juin reste limitée. À côté des chiffres sur les salaires, on espère que les indicateurs de confiance des entreprises PMI pour le mois de mai viendront confirmer la reprise économique émergente dans la zone euro. Pour les marchés des taux, ce scénario implique une nouvelle hausse par rapport aux niveaux de support. Concernant le cours EUR/USD, les niveaux de support du dollar (EUR/USD 1,0895, résistance) sont plus vulnérables.
Mathias Van der Jeugt, salle des marchés KBC