2083672912
2083672912

Une ligne rouge en pointillé

Les marchés

Les marchés évoluent par vagues, souvent induites par une combinaison de positionnements de marché (ce qui est escompté) et de scénarios (éventuellement un peu sélectifs). Les attentes concernant la politique de la Fed, au regret de ceux qui lui envient toujours sa place de force monétaire dominante, donnent généralement le ton. La question est de savoir si, après une (courte) période au cours de laquelle les données ont surtout été vues à travers le prisme d'une Fed plutôt accommodante, nous sommes à nouveau confrontés à un changement de sentiment. Rien n’est encore sûr, mais la réaction du marché d’hier laisse supposer que cela pourrait être le cas.

Entre fin décembre et la réunion de la Fed du 1er mai, les marchés ont systématiquement revu à la baisse leurs attentes en matière de baisses de taux. Pour rappel, à la fin de l’année dernière, plus de 150 points de base d'assouplissement étaient attendus uniquement pour 2024. Le taux directeur de la Fed allait tomber de 5,375 % à 3,75 % ! Et 3 % fin 2025 était tout à fait envisageable. La forte croissance inattendue enregistrée le trimestre dernier et une inflation qui ne prend pas vraiment la direction de l’objectif de 2 % ont entraîné une révision à la baisse de ces attentes, à une seule baisse de 25 pb pour cette année et 75  pb d'assouplissement supplémentaire l’année prochaine. Tout à fait logique au vu des développements.

Le président de la Fed, M. Powell, et ce positionnement ont pourtant poussé le marché (du moins temporairement) dans l’autre sens. Powell n’a évidemment pas pu nier l'évidence de l’inflation. Mais il a tracé une ligne rouge psychologique. Même avec cette inflation plus élevée que prévu, la politique demeure suffisamment restrictive. Une nouvelle hausse des taux est quasiment exclue. Le débat porte toujours sur le timing (reporté) du premier abaissement. Le marché n'a donc rien à gagner à miser sur des taux encore plus élevés. La réduction logique des positions a encore été alimentée par des chiffres d’activité et d’inflation un peu moins solides, même si nous ne devons pas exagérer le ralentissement de l’inflation en avril (0,3 % en glissement mensuel). Hier, les chiffres américains (mais pas les plus importants) se sont à nouveau avérés plus faibles. Pourtant, les taux n’ont pas continué de baisser. Une fois de plus, c’est logique au vu du récent changementd de positionnement. Entre-temps, le marché table à nouveau sur une première réduction de taux de 25 pb en septembre et sur une probabilité de plus de 80 % d’une seconde baisse en décembre. Il ne faut jamais dire jamais, mais les données devraient fortement s'affaiblir pour convaincre la Fed d'encore abaisser ses taux avant septembre. Hier, les taux d’intérêt (et le dollar) ont commencé à chercher leur plancher. L’euphorie liée aux taux d’intérêt est retombée sur les Bourses.

Nous partons du principe qu’il n'y a quasiment rien à gagner à déjà anticiper aujourd'hui un nouvel assouplissement, d'autant que l’inflation (glissement annuel) américaine pourrait repartir à la hausse dans les prochains mois en raison d’effets de base moins favorables. Les premiers commentaires des gouverneurs de la Fed après les chiffres de l’inflation suggèrent d’ores et déjà que les (modestes) bonnes nouvelles de mercredi n’offrent pas les preuves suffisantes pour convaincre la Fed que l’inflation se dirige de nouveau vraiment vers l'objectif de 2 %. Sur le court terme, nous traçons déjà une ligne pointillée (rouge clair) à la fois sous les taux américains (mais aussi européens) et sous le dollar. Nous restons cependant prudents. Si l'inflation reste obstinément élevée, mais que, dans un même temps,  les chiffres de l'activité et du marché de l’emploi connaissent un nouveau refroidissement, le marché pourrait alors encore spéculer sur d’autres baisses de taux l’année prochaine. D’où les pointillés. 
 

DXY (dollar pondéré des échanges commerciaux) : à la recherche d’une base (plus) solide.

Bron: Bloomberg

Disclaimer:

Ce document a été préparé par le desk KBC – Economic Markets et n'a pas été rédigé par le département Research.  Le desk est composé de Mathias Van der Jeugt, Peter Wuyts en Mathias Janssens, analysts  à KBC Bank N.V., entreprise réglementée par l'Autorité des marchés et des services financiers (FSMA). Ces recommandations de marché sont le résultat d'une analyse qualitative, dans laquelle il y a place pour l'expérience passée et les évaluations personnelles. Les avis sont basés sur les conditions actuelles du marché et peuvent être modifiés à tout moment. Les contributions les plus importantes proviennent de données accessibles au public, de nouvelles financières, de la politique économique et monétaire et d'analyses techniques actuelles. Le desk desk KBC – Economic Markets a fait des efforts raisonnables pour obtenir ces informations de sources qu'il considère comme fiables, mais le contenu de ce document a été préparé sans faire une analyse substantielle de ces sources. Aucune évaluation n'a été faite pour déterminer si ces informations sont appropriées ou non pour un investisseur particulier. Les avis sont nos avis actuels à la date indiquée sur ce document et peuvent différer des recommandations précédentes en raison de l'évolution des conditions du marché. Les auteurs ne garantissent pas l'exactitude, l'exhaustivité ou la valeur (commerciale ou autre) de ce document. De même, les auteurs ne sont pas responsables envers quiconque reçoit ce résumé de toute perte ou dommage (qu'il s'agisse d'un délit (y compris la négligence), d'une rupture de contrat, d'une violation de la loi ou d'autres obligations) résultant d'un acte ou d'une omission sur la base de ce contenu, ou de toute réclamation contre les auteurs concernant le contenu ou les informations contenues dans ce document. Toutes les opinions exprimées dans le présent document reflètent le jugement au moment de la préparation de l'examen et sont susceptibles d'être modifiées sans préavis. Étant donné la nature de cet avis (lié à la monnaie et aux taux d'intérêt), il n'est généralement pas de nature spécifique.   Il n'y a donc aucune référence à un quelconque contrat de financement d'entreprise et il n'y a donc pas de vue d'ensemble sur 12 mois basée sur les différents avis. Ce document n'est valable que pour une période très limitée, en raison de l'évolution rapide des conditions du marché.

Publications liées

Où est passée la trêve estivale ?

Où est passée la trêve estivale ?

Accents reflationnistes à la BoC !

Accents reflationnistes à la BoC !

L’économie européenne se prépare à un été sombre

L’économie européenne se prépare à un été sombre

La BOE : tout est possible...

La BOE : tout est possible...