La BOE : tout est possible...
La semaine dernière, nous avons reçu la nouvelle livraison mensuelle des principales données britanniques. Avec un tableau mitigé à la clé. Il est toujours difficile de savoir si la Banque d’Angleterre (BoE) pourra/voudra procéder à un premier abaissement de taux la semaine prochaine.
Honneur aux données. L’inflation générale s'est établie à exactement 2,0 % pour le deuxième mois consécutif. Objectif atteint, donc. Mais... L’inflation de base est également restée inchangée, mais à un niveau moins confortable (3,5 % en glissement annuel). L’inflation des services a augmenté de 0,6 % en glissement mensuel et s'est donc maintenue à 5,7 % en glissement annuel. Cela reste (beaucoup) trop élevé. L’inflation générale devrait repartir à la hausse dans les prochains mois (en direction de 2,5 %) vu que l’impact de la baisse des prix de l’énergie diminue. L’emploi et la croissance des salaires (5,7 %) ont montré des signes d'essoufflement, mais cette dernière se situe toujours au-delà de ce qui est nécessaire pour ramener l’inflation à 2,0 % et, surtout, l'y maintenir. Les ventes au détail (-1,2 % en glissement mensuel et 0,2 % en glissement annuel) n’ont pas pu réitérer leur rebond de mai et n'ont quasiment pas contribué à la croissance au deuxième trimestre. La confiance des consommateurs continue de se redresser (de -14 à -13 pour l'indice GFK). L'indice GFK montre que la victoire du Labour n'a pratiquement pas eu d'incidence sur le sentiment. Le consommateur attend.
Maintenant que les urnes ont parlé, nous attendons avec impatience les détails de la politique budgétaire à venir, même si aucun budget détaillé ne sera présenté avant l’automne. Selon de premières indications, les travaillistes devraient surtout mettre l’accent sur la situation budgétaire difficile dont ils ont hérité en début de législature. Le gouvernement pourrait opter pour une stratégie visant à financer certaines priorités politiques (régime fiscal plus avantageux pour les ménages avec enfants, salaires plus élevés dans l’enseignement et/ou le secteur de la santé) via des recettes plus élevées. Malgré l’intention du Labour de relancer la croissance (avec un objectif très ambitieux de 2,5 %), rien n'indique pour le moment que la nouvelle politique aura de grands effets inflationnistes. Une baisse de taux de la BoE n'a donc rien d'inenvisageable.
En juin, la BoE était plus proche que prévu d’un assouplissement, avec 2 voix (en faveur d'un abaissement de 25 pb) contre 7 (en faveur du statu quo), mais déjà pas mal d'hésitants dans ce dernier groupe. Le marché estime la probabilité d’une baisse de taux la semaine prochaine à 50-50. La BoE disposera d’un nouveau rapport de politique. En mai, elle tablait sur un ralentissement de l’inflation à 1,9 % dans deux ans et à 1,6 % dans trois ans. Elle anticipait aussi une croissance très modeste (0,5 % cette année et 1,0 % l’année prochaine). Ces chiffres seront revus (légèrement) à la hausse, mais la croissance attendue restera probablement inférieure à son potentiel. Tout reste donc possible.Vu l’ADN du comité de politique, nous sommes enclins à penser que la BoE décidera que la politique pourrait déjà devenir un peu moins restrictive.
Après un beau rallye depuis début mai, la livre est récemment passée à une vitesse inférieure. La zone EUR/GBP 0,8385/0,84 s’est imposée comme un premier niveau de résistance pour la livre sterling. Sur le plan technique, la tendance baissière du cours EUR/GBP reste pour l’instant intacte. Un abaissement de taux de la BoE la semaine prochaine pourrait venir rebattre les cartes et favoriser une fourchette plus latérale. Le cours EUR/GBP de 0,8340 (le plus bas du mois d’août 2022) constitue le prochain point de référence sur les graphiques. Nous considérons 0,8203 (le plus bas de mars 2022) comme un niveau (trop) élevé pour la monnaie britannique d'un point de vue fondamental.