Le CPI tchèque n'a pas (encore) franchi la barre des 10 %
Pas encore 10 %. En janvier, l’inflation a de nouveau grimpé en Tchéquie, pour atteindre 9,9 % en glissement annuel. Une accélération de pas moins de 50 % par rapport au chiffre de décembre (6,6 %). En début d'année, les prix ont augmenté plus rapidement que ce qu'avaient prévu les analystes (9,3 %) et la banque centrale tchèque (CNB, 9,4 %). La pression sur la CNB pour qu'elle procède à un dernier relèvement durant ce cycle de resserrement s’intensifie.
La forte hausse des prix annoncée hier ne constitue pas totalement une surprise. Elle est due, entre autres, à la réintroduction de la TVA sur le gaz et l’électricité (+17,2 % en glissement mensuel). Le gouvernement avait temporairement suspendu cette TVA en novembre et en décembre de l’année dernière suite à la flambée des prix sur le marché international de l’énergie. Mais l’inflation s'est propagée dans bien d'autres secteurs. Aidées par la vigueur persistante de la croissance/demande, les entreprises tchèques sont en mesure de répercuter la hausse des coûts du matériel et du personnel sur le consommateur final. Cela s'est particulièrement observé en janvier, avec la publication des nouveaux tarifs. L’alimentation, l’horeca, les loisirs et la culture ont, par exemple, fait état d'une hausse mensuelle des prix de l'ordre de 3 à 4,4 %. Le logement (+9,6 % en glissement mensuel) subit les conséquences du renchérissement du marché immobilier, en cours depuis déjà des années, mais qui s'est encore renforcé avec la crise du coronavirus. À elles seules, ces quatre catégories contribuent à hauteur de près de 6 pp au chiffre annuel.
La pression plus forte que prévu sur les prix a contraint la CNB à revoir ses prévisions. Selon la banque centrale, l’inflation devrait culminer à plus de 10 % dans les prochains mois. Principalement à cause de facteurs intérieurs, comme la forte croissance des salaires. Les prix ne devraient commencer à ralentir qu’à partir du second semestre, lorsque les premiers effets du resserrement monétaire se feront sentir. Depuis le début du cycle en juin 2021, la CNB a relevé son taux directeur à un rythme effréné, le faisant passer de 0,25 % à 4,50 %. Le dernier rehaussement date du 3 février (+75 points de base). La banque centrale avait alors suggéré que cette hausse pourrait être la dernière. Elle avait même évoqué la possibilité d'une première baisse de taux au second semestre de 2022. Les marchés monétaires tchèques ont dès lors accordé de moins en moins de crédit à un scénario où le taux directeur culminerait autour de 5 %. À tort manifestement. Hier, le gouverneur de la CNB Vojtěch Benda a déjà lancé une première mise en garde en déclarant : "Nous n’avons pas dit que le cycle était terminé". Le taux directeur pourrait très bien être rehaussé à 5 % ou plus, mais via des interventions plus modestes qu'avant (25 pb).
Nous tablons sur une hausse de taux de 25 pb à 4,75 % le 31 mars. C'est également ce que pense le marché monétaire tchèque, qui, malgré la hausse surprise de l’inflation, reste d’ailleurs convaincu que le taux directeur sera abaissé plus tard dans l’année. Nous n’excluons pas un relèvement de 50 points de base (à 5 %). Cela deviendra l’hypothèse de base si l’inflation s’éloigne encore des prévisions de la CNB en février (publication le 10 mars). La couronne tchèque profite du soutien généreux des taux et de ses solides fondamentaux sous-jacents, y compris en cette période d’incertitude. Les dégâts causés par le récent regain d'aversion pour le risque sur la devise sont, par exemple, restés limités. Le cours EUR/CZK n’a pas dépassé 24,5. La zone comprise entre 24 et 24,50 devrait donc, selon nous, rester provisoirement d'actualité