Les PMI américains renforcent la tendance des taux
Hier, nous avons surtout parlé des indicateurs PMI de confiance des entreprises européennes. Accordons maintenant l’attention qu’ils méritent aux variantes britanniques et américaines – et surtout à la réaction du marché qu’elles ont suscitée. Le constat sous-jacent est le même partout: l’économie est plus résistante qu’on ne le craignait et échappe à la récession. Le pic absolu de l’inflation est derrière nous, mais la pression salariale prend le relais comme moteur, surtout pour l’inflation des services.
Hier, les taux britanniques ont manifesté une reprise vigoureuse, principalement sur l’extrémité courte de la courbe. Après les premières réunions de politique de l’année, l’idée était que la Banque d’Angleterre atteindrait un pic de taux (temporaire) avant la BCE et la Fed. Cette perspective reste d’actualité, mais il n’est pas question d’un arrêt brutal des mesures après le mois de mars. L’extrémité courte de la courbe a grimpé de plus de 20 points de base et le cours EUR/GBP a perdu un point entier pour atteindre un premier niveau de support autour de 0,88. Malgré cette dynamique, nous restons réservés vis-à-vis de la livre sterling. Un cours EUR/GBP 0,8722 serait le maximum.
Les PMI américains n’ont pas démérité par rapport aux scores impressionnants des payrolls, du taux d’inflation et des ventes de détail. Ils ont encore poussé les taux à la hausse, la variante américaine à 10 ans rompant ainsi le niveau de résistance de 3,9%, le dernier obstacle avant le sommet cyclique de 4,33%. Plus important encore, la vague de ventes qui a déferlé sur le marché des obligations a débordé sur la bourse. Les indices américains ont clôturé la séance en baisse de 2%-2,5%. Le dollar n’a pas profité de ce contexte favorable (avantage de taux, aversion au risque); mais nous pensons que cela aussi finira par arriver. La principale tendance du marché est la prise en compte d’un relèvement des taux d’intérêt de 50 points de base par la Fed en mars (‘tail risk’ croissant). Le cours EUR/USD 1,0484/66 est la référence.
De son côté, la RBNZ persiste et signe
Ce matin, la banque centrale néo-zélandaise (RBNZ) a, comme prévu, relevé son taux directeur de 4,25% à 4,75%. Le procès-verbal de la réunion révèle qu’un relèvement de +75 points de base faisait aussi partie des possibilités. La RBNZ confirme qu’elle n’en a pas terminé et maintient l’objectif d’un pic de taux directeur de 5,5%. Dans sa déclaration de politique, elle manifeste son empathie vis-à-vis des victimes du cyclone Gabrielle, mais juge qu’il est trop tôt pour en évaluer les conséquences (économiques) et plus encore pour les traduire en mesures de politique monétaire. L’inflation reste son seul guide. Et bien qu’il y ait de premiers signes indiquant que le pic d’inflation serait derrière nous, l’inflation de base sous-jacente reste obstinément élevée. Enfin, la pénurie marquée sur le marché du travail continue à faire peser la menace d’une spirale salaires-prix sur l’économie et contribue au déséquilibre entre l’offre et la demande.
Après la décision de la RBNZ, les taux swap néo-zélandais ont grimpé jusqu’à 14 points de base sur l’extrémité courte de la courbe. Le marché monétaire accepte le scénario d’un pic à 5,5%. Il hésite seulement quant au chemin qui y conduira (50-25 ou 25-25-25?). Le dollar kiwi a profité d’un répit ce matin, mais mène une bataille perdue d’avance contre l’appréciation du dollar. Le niveau de support NZD/USD 0,62 (ligne de cou du double sommet) se maintient pour l’instant. En cas de rupture, des niveaux de 0,60 (et inférieurs) seront rapidement en vue.
Mathias Van der Jeugt, salle des marchés KBC