Une véritable ménagerie
Après la banque centrale néo-zélandaise, la Riksbank suédoise a tenté hier de stopper les lemmings. Les faucons sont toujours aux commandes et le taux directeur a été relevé de 75 points de base, de 1,75 % à 2,5 %,son niveau le plus élevé depuis 2008. Dans les nouvelles prévisions trimestrielles, le pic attendu du taux directeur se situe entre 2,75 % et 3 %, contre 2,5 % en septembre. En outre, la banque centrale s’attend à ce que le taux se stabilise à ce niveau sur l’ensemble de l’horizon de politique (jusque fin 2025). Ménager la chèvre et le chou aujourd'hui équivaudrait à introduire une cheval de Troie. La banque centrale risquerait en effet de devoir par la suite déployer encore plus d’efforts, qui laisseront des traces encore plus importantes sur l'économie. Les banquiers centraux ont arrêté leur politique de l’autruche vis-à-vis de l'inflation depuis des mois. Mais le marché reste sourd comme une taupe. Et comme toujours, il n'est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre.
L’inflation fait tourner la banque centrale en bourrique. Celle-ci est toujours trop élevée, sape le pouvoir d’achat et remet en question les projets d’investissement futurs. Raison pour laquelle les taux d’intérêt devront rester élevés pendant longtemps. Un remède de cheval qui figure en gros caractères dans le paragraphe d’introduction de la déclaration de politique. La Riksbank a relevé ses prévisions d’inflation pour l’année prochaine et 2024 respectivement de 8,5 % à 9,3 % et 2,2 % à 3 %. Les prévisions préliminaires tablent sur 2,4 % en moyenne pour 2025 et sur 2,2 % pour fin 2025. Malgré un taux directeur attendu de 3 % sur l’ensemble de l’horizon de politique, l’inflation ne descendra pas sous l’objectif de 2 %. Un pronostic qui donne le cafard à certains. Le risque est que la banque centrale doive encore redoubler d'efforts. Elle sait que cela se fera au détriment de la croissance, mais elle assume. Pour l’année prochaine, la Riksbank s’attend à une contraction économique de -1,2 % (contre -0,7 % en septembre), suivie d'une maigre reprise de 1 % en 2024 (contre 1,1 %). Le taux de chômage grimpera à 8,3%.
Le marché reste sourd comme une taupe et ne veut pas entendre le message des banquiers centraux. Le concept "plus haut pour plus longtemps" lui donne la chair de poule. Dans la plupart des pays, le marché des baisses de taux à partir du second semestre de 2023 ! Un pari étrange. Nous reconnaissons que les taux corrigeront à la baisse, mais nous ne hurlons pour le moment pas avec les loups et misons sur un nouveau mouvement haussier. Celle-ci n’aura probablement lieu qu’après les dernières réunions de politique de la BCE et de la Fed (nouvelles prévisions de croissance et d’inflation) et la période illiquide de fin d’année, même si plusieurs banquiers centraux ont déjà un peu pris le taureau par les cornes cette semaine.
Ai-je misé sur le bon cheval ?! Lors des réceptions de nouvel an, vous me reconnaîtrez rapidement. Fier comme un paon ou doux comme un agneau.