Scores PISA: l’affaissement
Hier, l’OCDE a présenté sa nouvelle étude comparative internationale PISA, le Programme international pour le suivi des acquis des élèves qui mesure les performances d’apprentissage des élèves de 15 ans dans un grand groupe de 81 pays, dont les 38 États membres de l’OCDE. La lecture, les mathématiques et les sciences sont les trois domaines d’évaluation. L’étude PISA est normalement publiée tous les trois ans, mais elle a été reportée d’un an en raison de la pandémie. Le classement international PISA reçoit beaucoup d’attention, à juste titre. La position d’un pays et son évolution au fil du temps sont des mesures importantes de son futur capital humain – et donc de son potentiel de croissance économique relatif.
La nouvelle étude PISA 2022 révèle une baisse inédite des performances d’apprentissage dans l’ensemble de l’OCDE. Les mathématiques et la lecture sont les deux domaine où le niveau a le plus baissé. En mathématiques, la baisse du score est quatre fois plus importante que lors des études précédentes. En lecture, la baisse est deux fois plus importante. Pour la science, la dégradation des performances reste limitée. Globalement, les scores moyens indiquent qu’un jeune sur quatre âgé de 15 ans à travers l’ensemble des pays de l’OCDE est désormais considéré comme un mauvais élève dans les trois domaines. Dans 18 pays, la proportion d’élèves âgés de 15 ans qui n’atteignent pas un niveau suffisant s’élève même à 60%. Il reste donc des différences importantes en matière de performances d’apprentissage entre les différents pays. Si l’on prend la moyenne des scores pour les trois domaines d’apprentissage, ce sont Singapour, la Chine (Macao, Taipei, Hong Kong) et le Japon qui obtiennent les meilleurs résultats. En Europe, l’Estonie, l’Irlande et la Suisse sont les trois pays qui affichent les scores moyens les plus élevés. Les trois pays de l’UE qui enregistrent les scores moyens les plus bas sont Chypre, la Bulgarie et la Roumanie.
Cette dégradation générale des performances d’apprentissage n’est qu’en partie attribuable à la Covid-19. Dans de nombreux pays (y compris la Belgique, voir plus loin), le phénomène avait commencé avant. Cela n’empêche que la pandémie, qui a donné lieu à des fermetures des écoles, l’enseignement à distance et une baisse du nombre d’enseignants, a accentué la tendance. L’OCDE souligne toutefois que le lien entre la pandémie et les performances d’apprentissage n’est pas toujours clair. Ainsi, au niveau de l’évolution des résultats PISA, la différence entre les pays où les écoles ont été fermées de manière prolongée (ex.: Irlande, Brésil) et ceux des pays où les fermetures ont été de plus courte durée (ex.: Suède, Islande) est souvent limitée. L’OCDE remarque aussi que les élèves qui ont davantage utilisé les plateformes d’apprentissage en ligne et qui ont pu compter sur le soutien de leurs enseignants pendant la pandémie ont obtenu de meilleurs résultats en moyenne.
En Belgique aussi, les performances dans les trois domaines d’apprentissage continuent de se dégrader. Pour la lecture et les mathématiques, la baisse du niveau des élèves belges dans l’enquête PISA 2022 est près de 1,5 fois plus marquée que pour la moyenne des pays de l’OCDE. Pour la science, la dégradation est plus de 3 fois supérieure à la moyenne. Et la moyenne pour les trois domaines d’apprentissage? Dans l’enquête PISA 2018, la Belgique se classait 17e dans le groupe des pays pris en compte. Dans l’enquête 2022, elle est tombée à la 19e place. Cette détérioration tendancielle sur une longue période pose question, dans un contexte général de hausse des dépenses publiques consacrées à l’enseignement (voir graphique). Cette évolution atteste la nécessité de nouvelles réformes plus structurelles dans le système éducatif (flamand et francophone). Il est indispensable de remédier à la pénurie d’enseignants et au retard des élèves vulnérables (par exemple, ceux issus de l’immigration), mais aussi de relever le niveau général de l’enseignement.