Cap historique pour la Fed

Les marchés

"L’inflation est beaucoup trop élevée et nous comprenons les difficultés qu'elle cause, nous agissons rapidement pour la faire reculer." C'est avec les dix nouveaux commandements de la Fed à l'esprit (voir notre numéro du 2 mai) que Jerome Powell a entamé, hier, le compte rendu d'une réunion de politique historique.

La banque centrale américaine a relevé son taux directeur de 50 pbà 0,75 %-1 %. Même si cela fait des semaines qu'elle préparait les marchés à cette décision, celle-ci n'en est pas pour autant moins spéciale. La Fed n'avait plus procédé à un relèvement d'une telle envergure depuis 2000. Et ce ne sera pas le dernier. Powell n'a laissé planer aucun doute à ce sujet. Il est déjà acquis que les taux seront encore relevés en juin et en juillet. Nous pensons qu'ils le seront aussi en septembre. À partir de juin, la Fed va également commencer à réduire son bilan. Depuis la pandémie, la taille de celui-ci a doublé pour atteindre 9 000 milliards de dollars avec, entre autres, 5 800 milliards de dollars d'obligations d'État et 2 700 milliards de dollars d'obligations adossées à des créances hypothécaires. Entre juin et fin août, ces portefeuilles seront réduits de manière naturelle (les titres arrivant à échéance ne seront pas réinvestis) de respectivement 30 et 17,5 milliards de dollars par mois. Avec ces 47,5 milliards de dollars, la Fed renouera avec son rythme de croisière du cycle de 2018-2019. À partir de septembre, la banque centrale mettra les bouchées doubles, avec un montant combiné de 95 milliards de dollars.

La Fed passe donc d'un coup d'une politique monétaire accommodante à une politique monétaire neutre, c'est-à-dire une politique qui ne stimule pas la croissance et l'inflation, mais qui ne les freine pas non plus. Pour le taux directeur, Powell situe cet idéal théorique entre 2% et 3 %. Mais pourquoi cette hâte ? Mois après mois, l'inflation ne cesse de s'éloigner de l'objectif de 2 %. En mars, la mesure favorite de la Fed a ainsi grimpé à 6,6 %. Et sur une partie de cette hausse, la banque n'a aucune prise. Nous pensons notamment à la flambée des prix de l'énergie ou à l'impact de la stratégie "zéro Covid" de la Chine sur les chaînes de production. Deux phénomènes qui relèvent d'une inflation de l'offre. Mais la banque ne peut en revanche pas ignorer les facteurs internes. L'économie se porte bien et cela se remarque particulièrement sur le marché du travail. Le nombre de postes vacants a atteint un record et est aujourd'hui deux fois plus élevé que le nombre de chômeurs. La Fed veut équilibrer cela. Les salaires augmentent plus vite qu'avant. Cette hausse permet de se protéger contre l'inflation, mais elle risque aussi de provoquer une spirale salaires/prix difficilement gérable. Sur ce type d'inflation (de la demande), la Fed est en mesure de faire quelque chose. Et elle va user de son pouvoir d'influence : s'il le faut (et il le faudra), elle est prête à passer d'une politique neutre à une politique restrictive (>3 %). Powell est convaincu que cela pourra se faire sans plonger l'économie en récession.

Cela fait longtemps que la Fed a convaincu les observateurs de sa détermination. Mais est-elle prête, dans son combat contre l'inflation, à également envisager des hausses de taux de plus de 50 pb, comme le marché avait tout doucement commencé à l'anticiper ? La réponse est non. Cela a suffi à enclencher un rallye de soulagement sur les bourses et une correction du dollar et des taux américains (jusqu'à 14 pb sur la partie courte de la courbe). Hier, nous ne savions pas avec certitude si ce mouvement allait durer. À peine 12 heures plus tard, la réponse des marchés est claire : le dollar et les taux ont déjà récupéré pratiquement la moitié de leurs pertes. Hier, la Fed a un peu désamorcé le débat autour des taux, mais rien de plus.

Taux à deux ans américain : la réaction provoquée par la Fed hier ne se poursuit pas aujourd'hui.

Bron: Bloomberg

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