La RBA persiste et signe
Après la trêve d’hier sur les marchés financiers, la vie reprend son cours aujourd’hui. Cette semaine, le calendrier économique est varié, avec la publication de chiffres aux États-Unis, en Chine et en Europe. Down under, la Reserve Bank of Australia (RBA) a démarré le mois avec une nouvelle réunion de politique. Bien qu'il ne s'agissait "que" d'une réunion intermédiaire, elle s'est tout de même retrouvée au centre des attentions. La semaine dernière, la petite sœur néo-zélandaise a en effet tiré un coup de semonce : pour la première fois depuis l'apparition de la pandémie, la banque centrale a évoqué, moyennant certaines conditions, un possible relèvement de taux au second semestre de 2022. Spoiler alert : la RBA a décidé de ne pas suivre le mouvement pour le moment. Elle a toutefois à nouveau confirmé qu'elle comptait examiner ce point en juillet.
De manière générale, le gouverneur Lowe se montre très satisfait. L’économie se redresse plus rapidement que prévu. En mai, la RBA tablait sur une croissance de 4,75 % pour cette année et 3,5 % pour la suivante. Ce scénario de base reste donc inchangé (au minimum, oserions-nous dire). Comme d'habitude, les prévisions sont assorties d'incertitudes à propos du virus. Cela n'a rien de surprenant. Ainsi, l’État de Victoria a, par exemple, dû réinstaurer un confinement de quelques jours. Mais la vaccination devrait probablement bientôt régler tout cela. Le marché de l’emploi se porte également mieux que prévu. Le taux de chômage est retombé à 5,5 % en avril et se dirige, grosso modo, vers les 5% prévus pour la fin de cette année. Certains segments de l’économie sont déjà confrontés à une pénurie de main-d'œuvre. Enfin une inflation des salaires ! Nous n'en sommes pas encore là. Le marché de l’emploi n’est pas encore suffisamment solide pour qu'une spirale salaires/prix s'enclenche, et encore moins pour que l’inflation sous-jacente atteigne durablement l’objectif de 2-3 %. Pour cela, il faudra vraisemblablement attendre jusqu’en 2024. D’ici là, la RBA ne relèvera pas son taux directeur, actuellement de 0,1 %.
Pour l'objectif de taux à 3 ans, il faudra peut-être attendre moins longtemps. Afin de fixer celui-ci à 0,1 %, la RBA achète un certain type d'obligation de référence. Le mois prochain, elle décidera si elle continue d'acheter les mêmes titres ou si elle passe à une échéance un peu plus longue. La valeur symbolique de cette décision sera beaucoup plus importante que ses véritables répercussions dans la pratique. Si elle opte pour la première option, cela marquera en effet le début de la fin de l’aventure. Toujours en juillet, la RBA se penchera aussi sur son programme d’achat d'obligations à long terme. L’enveloppe actuelle de 100 milliards de dollars australiens sera été épuisée en septembre. Faut-il s'attendre à une 3e tranche ? En mai, la banque semblait encore disposée à ouvrir un nouveau chapitre, mais cette possibilité n'est plus évoquée dans le nouveau communiqué. L’offre est pourtant suffisante : Au cours de l’exercice fiscal 2022, l’Australie affichera un déficit de plus de 106 milliards de dollars australiens (5 % du PIB).
Le dollar australien a été un peu déçu. Celui-ci espérait (le début d')un revirement monétaire, comme le font de plus en plus de banques centrales, et en particulier celle du voisin néo-zélandais. Le cours AUD/USD a dû céder les gains engrangés en début de séance et stagne actuellement autour de 0,774. Les partisans de l'Aussie gardent toutefois l'espoir. Au rythme actuel de la reprise et avec une certaine pression venant de l'extérieur, il est plus probable que la RBA doive anticiper sa décision que l’inverse. À moyen terme, nous sommes attentifs au premier niveau de résistance aux alentours de 0,79, suivi de 0,80.