Les résultats des entreprises surfent sur la reprise de la croissance
La saison des résultats du premier trimestre a démarré la semaine dernière. Les entreprises américaines sont les premières à publier leurs résultats, qui devraient à nouveau être bons. C'est également le cas dans la zone euro, où les publications commenceront un peu plus tard. Les observateurs du marché s'attendent à ce que la plupart des entreprises répondent facilement aux attentes, même si la barre a été placée un peu plus haut, tant aux États-Unis que dans la zone euro, et que certains risques pointent à l’horizon.
Effets de base
Comme d’habitude, ce sont les grandes banques américaines JP Morgan Chase et Goldman Sachs qui ont donné le coup d’envoi. Le ton est déjà donné : la croissance plus forte que prévu des chiffres d’affaires et des bénéfices semble être une tendance qui pourrait se poursuivre. De nombreuses entreprises américaines ont bien résisté à la crise du coronavirus de 2020 et les prévisions ont déjà été rehaussées de 6% ces dernières semaines. Pour le premier trimestre, les analystes tablent sur une croissance bénéficiaire de 24% sur une base annuelle, tandis que les chiffres d’affaires pourraient facilement progresser de 9,5% sur une base annuelle. Comme les bénéfices ont fortement souffert de la première vague de coronavirus l’année dernière, les effets de base joueront un rôle important : la base de comparaison est favorable et cet effet sera encore plus prononcé au deuxième trimestre.
Une forte croissance des bénéfices est également attendue dans la zone euro. Par rapport à il y a un an, les bénéfices pourraient grimper de 47%. La crise du coronavirus avait en effet frappé la zone euro quelques semaines avant les États-Unis et le premier trimestre de 2020 avait donc été nettement plus faible chez nous qu'outre-Atlantique. Sur le fond, la situation ne cesse de s'améliorer dans la zone euro, avec une croissance des chiffres d’affaires qui s'est déjà accélérée de 6,5% sur une base annuelle.
Les secteurs cycliques en tête
Les meilleurs résultats sont attendus dans les secteurs cycliques qui profitent de la reprise économique après la récession de l’année passée. Aux États-Unis, le chiffre d’affaires des entreprises cycliques devrait augmenter de 10% et les bénéfices d’environ 23%. Dans la zone euro, ces taux de croissance sont respectivement attendus à 6,5% et 150%. Les bénéfices devraient donc plus que doubler. Notamment dans le secteur des matériaux de base et de l'industrie, qui ont également moins souffert des nouvelles mesures de confinement prises en début d'année, lesquelles ont surtout touché les services et la consommation.
Les producteurs de biens de consommation cycliques vont probablement aussi voir leurs bénéfices doubler par rapport à il y a un an, tant aux États-Unis qu’en zone euro. La situation s'améliore aussi auprès des institutions financières, comme nous l’avons déjà constaté avec JP Morgan Chase et Goldman Sachs. Le secteur de l’énergie, qui revient de loin après la chute spectaculaire des prix du pétrole l’année dernière, pourra aussi renouer avec les bénéfices maintenant que l'or noir a retrouvé ses niveaux "pré-corona", même si cet effet sera encore plus prononcé au deuxième trimestre, période au cours de laquelle les grands groupes pétroliers avaient subi de lourdes pertes l’année dernière.
Dans les secteurs défensifs, la croissance des bénéfices sera moins spectaculaire. Des secteurs tels que les soins de santé, les biens de consommation courante ou les services aux collectivités ont relativement moins souffert de la récession. Pour les secteurs défensifs américains, on s’attend à une hausse des bénéfices de 13%, alors qu’une légère contraction pourrait même être enregistrée dans la zone euro (-1,5%). Enfin, les entreprises technologiques et de services de communication devraient connaître une croissance stable de leurs chiffres d’affaires et de leurs bénéfices. Ces secteurs ont relativement bien performé pendant la crise du coronavirus, mais pourraient également profiter de la reprise.
Prévisions pour 2021 : "the only way is up"?
2021 pourrait donc s'avérer une année de grand cru en termes de résultats. La combinaison d’une accélération de la croissance économique et donc d’une progression des chiffres d’affaires des entreprises, d'une amélioration des marges bénéficiaires et des effets de base susmentionnés donnera lieu à des bénéfices qui dépasseront aisément d'un tiers ceux de 2020, tous secteurs et toutes régions confondues. La question est de savoir si les analystes ne sont pas trop optimistes dans leurs révisions. En pleine crise du coronavirus l’année dernière, les chiffres d’affaires et les bénéfices avaient été fortement revus à la baisse, mais en raison de la courte durée de la récession, ces chiffres se sont souvent avérés trop pessimistes et sont donc faciles à battre. L’année dernière, les marchés des actions ont fermé les yeux sur la récession et les chiffres décevants et ils ont visiblement eu raison. Après l'important rallye de ces 12 derniers mois, les bourses sont devenues relativement chères, surtout aux États-Unis, et la vigueur des bénéfices est cruciale pour justifier ces valorisations.
À un peu plus long terme, certains risques pèsent sur les bénéfices des entreprises. Ainsi, le nouveau plan d’infrastructure de 2.100 milliards de dollars du président américain Biden serait financé par de nouveaux impôts sur les sociétés et des impôts sur les revenus générés à l'étranger. En cas d’approbation, les premiers calculs chiffrent l'impact de ce plan à environ 5% à 10% des bénéfices attendus des entreprises américaines en 2022. En outre, les taux à long terme aux États-Unis ont également grimpé d’environ 1% à 1,6% depuis novembre de l’année dernière. Bien que les taux restent bas selon des critères historiques, une nouvelle hausse risque de mettre la valorisation absolue des actions sous pression.
Siegfried Top, KBC Asset Management