Les espoirs de la banque centrale tchèque

Les marchés

Début février, la couronne tchèque a rompu avec l’important niveau de support technique du cours EUR/CZK de 26. Ce cap correspond au niveau de reprise de 62% de la hausse du cours EUR/CZK en février/mars, portée par les liquidités. Selon l’analyse technique, une rupture confirmée ouvrirait la voie à un rétablissement complet à plus long terme (EUR/CZK 24,77). Un premier test en août n’avait rien donné. Ce début de mois, le moment est cependant venu. Depuis lors, la couronne se renforce inexorablement, grâce au sentiment global du marché, aux excellents chiffres de croissance et surtout… à l’orthodoxie de la banque centrale tchèque (CNB).

Comme prévu, la CNB a laissé son taux directeur inchangé à 0,25% la semaine dernière. Contrairement au reste du monde, la CNB n’a pas mis en place de programme d’achat d’obligations (d’État). La question était de savoir si elle instaurerait effectivement les relèvements des taux qu’elle avait prévus en novembre pour 2021? La réponse: un oui retentissant. Sur la base de ses nouvelles prévisions de croissance et d’inflation, la banque centrale tchèque maintient deux relèvements des taux d’intérêt en 2021. Détail intéressant: les hausses modélisées par la CNB restent en bonne voie de se réaliser et ce, malgré une révision à la hausse du cours de change attendu de la couronne. Par le passé, un taux de change plus fort aurait été une raison de ne pas resserrer davantage la politique monétaire par le biais des taux d’intérêt et vice versa. À présent, la CNB table sur un taux de change moyen de EUR/CZK 25,8 cette année (contre 26,6 en novembre) et de EUR/CZK 24,9 en 2022 (contre 25,9 en novembre). Côté croissance, la banque centrale s’attend aussi à ce que la situation s’améliore dans un avenir proche, encouragée en cela par un quatrième trimestre 2020 positif (+ 0,3% en glissement trimestriel). Pour 2021, le gouverneur Rusnok et ses collègues prévoient une croissance de 2,2% (contre 1,7% en novembre). À l’instar des autres banquiers centraux, les Tchèques misent sur un rétablissement accéléré grâce aux vaccinations et à la fin des mesures de confinement. Pour 2022, la CNB abaisse sa prévision du PIB de 4,2% à 3,8%. L’inflation doit reprendre en 2021 et se stabiliser autour de l’objectif de 2% l’année prochaine (révision à la baisse). À cet égard, la pénurie sur le marché du travail contribue à une pression haussière sur les prix.

Nous émettons quelques réserves par rapport au message de la CNB. Tout d’abord, un premier relèvement des taux aura de toute façon lieu au plus tôt au deuxième semestre, soit quand l’économie et la société auront, espérons-le, repris une vie normale. En outre, le gouverneur Rusnok souligne lui-même les risques essentiellement baissiers qui pourraient résulter d’un retour à la normale plus lent. Sans oublier que la couronne tchèque pourrait être victime d’une normalisation des taux trop précipitée de la CNB, d’autant que la BCE restera un acheteur net d’obligations jusqu’en mars 2022 au moins. Les marchés des taux à court terme ne s’attendent à un premier relèvement des taux en Europe qu’en 2025. Pour terminer, une couronne un peu plus forte pourrait déjà en partie faire le jeu du resserrement monétaire au fil de 2021. Compte tenu de tous ces éléments, nous ne nous attendons à un premier relèvement des taux tchèques que pour fin 2021 au plus tôt.

Mathias Van der Jeugt, salle des marchés KBC

Le cours EUR/CZK franchit le niveau de support crucial de 26

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