Belle remontée du yuan
Ce matin, la Chine a publié ses chiffres de production et ceux des ventes au détail. Bonne nouvelle: l'économie chinoise poursuit sa reprise après le recul dû au coronavirus en début d'année. Cette dynamique de croissance positive va de pair avec un renforcement du yuan.
La première phase de la reprise chinoise est surtout venue de l'offre. Une fois l'épidémie sous contrôle, les entreprises ont rapidement repris le travail. Depuis, la production est de nouveau 5,6% supérieure au niveau comparable de l'année passée. Mieux encore, le retard dans la production a également été rattrapé par rapport au début de l'année (YTD) (0,4% en glissement annuel). La reprise de la demande/consommation se déroule de manière plus progressive. En août, les ventes au détail sont pour la première fois passées au-dessus de leur niveau de l'année dernière (0,5% en glissement annuel), mais une grande partie du retard accumulé depuis le début de l'année doit encore être comblée (-8,6% en glissement annuel). La Chine maîtrise mieux le virus que les autres blocs économiques et peut se targuer d'être le moteur de la reprise à l'heure actuelle. Désormais, la reprise devra avant tout venir de la demande intérieure, plutôt que des exportations. Le fait que la consommation non essentielle se redresse également est positif, car cela montre que la vie de tous les jours reprend progressivement ses droits.
Les chiffres relativement bons ont une influence sur les politiques budgétaire et monétaire. La Chine a considérablement assoupli sa politique pour stimuler la reprise. Mais le besoin de nouveaux assouplissements diminue. La banque centrale chinoise (PBOC) peut donc se permettre d'adopter une attitude plus attentiste, surtout en comparaison à d'autres banques centrales, qui tentent toujours de convaincre le marché qu'elles maintiendront une politique extrêmement souple. La PBOC pourrait se concentrer davantage sur la limitation d'éventuels excès, notamment sur le marché immobilier.
La situation "relative" de la politique monétaire par rapport au reste du monde n'est pas le seul facteur qui pousse le yuan à la hausse. La vigueur générale du dollar en cas d'aversion au risque ou les tensions avec les États-Unis sur les questions commerciales ou (géo)politiques ont souvent mis à mal le sentiment à l'égard de la devise chinoise. De plus, la PBOC conserve un solide pouvoir d'influence sur "l'orientation" du yuan. Depuis juin, nous nous trouvons cependant dans un contexte où le yuan peut profiter du recul généralisé du dollar. Depuis fin juillet, le yuan gagne également du terrain par rapport à l'euro (mais de manière limitée). Les taux réels extrêmement bas aux États-Unis rendent le dollar moins intéressant pour les résidents chinois. En outre, dans la mesure où la reprise en Chine doit désormais venir de la demande intérieure, plutôt que de la production et des exportations, une devise plus forte ne constitue pas un obstacle.
Jusqu' où ce mouvement peut-il aller? À court terme, le yuan disposera probablement de suffisamment d'atouts pour continuer à profiter d'une nouvelle baisse généralisée du dollar. Après la rupture en dessous de USD/CNY 7,84/83, la situation technique s'est considérablement améliorée pour la monnaie chinoise (voir le graphique). Un niveau de support intermédiaire se situe à 6,7150. Le prochain niveau de support important se profile, à 6,60. Ces graphiques techniques rendent naturellement surtout compte de la détérioration générale de la situation pour le dollar américain. Nous restons plus prudents quant à la poursuite de la hausse du yuan par rapport à l'euro. En ce qui concerne les questions économiques et autres, le yuan reste, , comme les devises d'autres pays émergents, sensible à une éventuelle correction des actifs risqués. L'accroissement des incertitudes/tensions dans la relation entre les États-Unis et la Chine à l'occasion des élections américaines pourrait freiner (temporairement) la remontée du yuan par rapport au dollar.