Logique de marché en période de coronavirus
L'importance relative qu'ont accordée ceux-ci à l'actualité peut paraître pour le moins surprenante. Les PMI sont purement et simplement "dramatiques" dans l'UEM et "juste" très mauvais aux États-Unis. Les demandes hebdomadaires d'allocations de chômage ont de nouveau grimpé de plus 4,5 millions outre-Atlantique. Même s'il était attendu, ce chiffre n'en est pourtant pas moins inquiétant. Plus de 26 millions d'Américains ont ainsi déjà perdu leur emploi depuis le début de la crise. Toutes ces nouvelles n'ont, dans un premier temps, pas perturbé les marchés. À un certain moment, les indices boursiers US ont même affiché une hausse de plus de 1,5%. Selon nous, cet optimisme relatif est avant tout dû au fait que le marché croit en la capacité des autorités à nous sortir de l'impasse. Quant à savoir s'ils ont raison, c'est une autre histoire. Un peu après la fermeture des marchés en Europe, les indices US ont subitement dû rendre leurs gains. La raison? Un message selon lequel un médicament d'une firme pharmaceutique américaine (Gilead) n'avait pas donné les résultats espérés contre le covid-19. Le marché croyait-il vraiment qu'un remède plus ou moins efficace allait être trouvé à court terme?
Pas mal de "certitudes" sont tombées ces dernières semaines et cela vaut également pour les réactions de fonction classiques sur les marchés. Lors d'une crise financière "classique/normale", il est souvent difficile de savoir ce qui est déjà intégré dans les cours. En tant qu'investisseur, il s'agit toutefois de se positionner en se basant sur l'une ou l'autre logique économique. Mais aujourd'hui, les prévisions/estimations dépendent d'un facteur qui n'a absolument rien à voir avec l'économie. Les spécialistes qui s'occupent de ce facteur externe ont déjà énormément de mal à savoir comment la situation va évoluer. Pour le marché, c'est évidemment encore plus difficile. Les marchés naviguent actuellement un peu à vue, surtout ceux sur lesquels les banques centrales et/ou gouvernements ont moins de prise. Sur le marché des taux, les banques centrales exercent une grande influence et il est donc plus facile en tant qu'investisseur d'appréhender les choses. Naturellement, ce dernier peut aussi toujours se tromper. Pour les autres marchés, il est en revanche plus difficile d'évaluer l'impact de ce facteur externe, qui peut percoler via différents canaux.
Ces dernières semaines, les marchés ont souvent vu le verre à moitié plein, probablement en partie encouragés par les importants efforts déployés par les autorités budgétaires et monétaires. Les mouvements de cours observés hier montrent cependant qu'un imprévu lié à ce facteur externe peut rapidement remettre en cause un positionnement ou une interprétation de marché. À cet égard, signalons que l'indice de volatilité VIX se maintient à un niveau historiquement élevé.
Le fait qu'il faille du temps pour que le VIX renoue avec des "niveaux normaux" n'a en soi rien d'exceptionnel. Il est en revanche étonnant qu'il se trouve encore à un tel niveau alors que les indices boursiers sous-jacents se sont tout de même bien redressés ces dernières semaines, surtout aux États-Unis. Selon nous, cela montre que le marché se rend compte que les incertitudes sont encore nombreuses et que ce facteur externe pourrait encore nous réserver quelques mauvaises surprises. Une prime de risque est donc justifiée, malgré tous les efforts (logiques) déployés par les autorités (monétaires) pour la limiter (artificiellement).