Adieu 2019, bonjour 2020
La fin de l'année s'approche à grands pas. 2019 aura été marquée par un ralentissement net et généralisé de la croissance. Les banques centrales ont donc dû s'adapter et ont mis leur processus de normalisation entre parenthèses pour renouer avec une politique accommodante. L'auteur de ces lignes retiendra surtout tous les rebondissements auxquels nous avons assisté sur la scène politique, avec notamment l'épineux dossier du Brexit et le conflit commercial entre les États-Unis et la Chine. Les marchés financiers ont cependant choisi la fuite en avant en 2019. Tant les bourses que les obligations termineront l'année sur une (forte) hausse. Mais au lieu de revenir sur l'année écoulée, jetons plutôt un œil sur ce que pourrait nous réserver 2020.
La politique monétaire constitue une variable essentielle pour de nombreux segments des marchés financiers. Nous pensons cependant que les "grandes" banques centrales, parmi lesquelles la BCE et la Fed, conserveront une position attentiste en 2020. La Fed l'a encore prouvé récemment avec son nouveau "dot plot" dévoilé lors de la réunion de décembre. La partie courte de la courbe s'est stabilisée: la barre pour un nouvel assouplissement est placée haut et une hausse des taux n'est pas non plus à l'ordre du jour. Les deux banques centrales sont en effet disposées à accepter une période prolongée d'inflation supérieure à l'objectif de 2%. C'est la croissance qui prime et la politique monétaire dépendra essentiellement des données en 2020.
En ce qui concerne les chiffres, nous tablons sur une surperformance relative de l'Europe par rapport aux États-Unis l'année prochaine. Nous pensons que les États-Unis connaîtront une baisse de régime comparé à 2019. En Europe, le Brexit et le conflit commercial ont en revanche (plus) lourdement pesé sur la confiance en général et sur l'économie. La reprise en (fin) 2019 s'apparente surtout à une frustrante procession d'Echternach. Nous pensons que le continent européen enclenchera la vitesse supérieure en 2020. Les récents développements dans les deux dossiers chauds de l'actualité politico-économique sont d'ores et déjà encourageants.
Commençons par la guerre commerciale. 2019 a été marquée par une forte escalade des tensions. Heureusement, les États-Unis et la Chine se sont récemment accordés sur un cessez-le-feu. La signature de cette trêve tant attendue n'aura probablement lieu qu'au début du mois de janvier de l'année prochaine. Le conflit est encore loin d'être résolu, mais nous pourrons au moins provisoirement compter sur un cadre de référence plus ou moins stable. Vient ensuite le Brexit. Le parti conservateur a remporté une victoire écrasante lors des récentes élections législatives au Royaume-Uni. Il est donc quasiment certain que le Brexit aura lieu le 31 janvier. Le risque d'une sortie sans accord a disparu, du moins jusqu'à la fin de 2020 (date butoir fixée pour la conclusion de la nouvelle relation commerciale avec l'UE). Les élections présidentielles aux États-Unis (novembre) seront un autre sujet important d'actualité l'année prochaine.
À quoi peut-on s'attendre sur les marchés des changes et des taux? La reprise attendue en Europe et la poursuite de la croissance, même si à un rythme plus lent, aux États-Unis devraient théoriquement soutenir les taux à long terme. Les taux à 10 ans allemand (-0,22%) et américain (1,94%) sont tous les deux sur le point de rompre un important niveau de résistance technique. Cela ne ferait que conforter notre scénario d'une hausse des taux. L'euro, qui est sensible aux exportations, est selon nous la devise qui profitera le plus de l'amélioration du climat économique. Nous tablons sur une hausse progressive du cours EUR/USD tout au long de 2020. La livre sterling pourrait dans un premier temps bien se tenir par rapport à l'euro grâce à des mesures de relance budgétaire. Mais la situation pourrait se compliquer pour elle à mesure que la date butoir "définitive" de décembre 2020 se rapprochera.