YouGov a parlé!

Les marchés

Le célèbre institut de sondage britannique YouGov a publié cette semaine ses prévisions MRP extrêmement détaillées pour les élections parlementaires du 12 décembre. Contrairement aux sondages traditionnels, YouGov utilise un échantillon beaucoup plus large (> 100 000 personnes interrogées) et donne une prévision pour chacun des sièges parlementaires. C'est important, car le système électoral britannique fonctionne par district, selon le principe du “first-past-the-post” (scrutin uninominal majoritaire à un tour). Le candidat qui recueille le plus de voix est directement élu pour son district. YouGov répartit la population britannique en un grand nombre de sous-groupes sur la base des critères très variés (nombre de membres du ménage, diplômes obtenus...), analyse la préférence de vote de ces différents groupes et fait une évaluation de leur répartition géographique au niveau des quartiers.

YouGov a appliqué sa technique MRP pour la première fois lors des élections parlementaires britanniques de 2017 et avait été, à l'époque, le seul institut à prédire que les conservateurs de Theresa May perdraient leur majorité. Les attentes étaient donc particulièrement élevées mardi soir. Le verdict est clair: les "tories" de Boris Johnson l'emporteront haut la main. YouGov estime le nombre de sièges conservateurs à 359 sur les 650 que compte le parlement britannique, soit une progression de 47 sièges. Si l'on tient compte des marges d'erreurs statistiques, ce nombre devrait osciller entre 328 et 385. Les conservateurs devraient donc, dans tous les cas, obtenir une majorité. Selon YouGov, le virage à gauche opéré par Jeremy Corbyn et son Labour ne produira pas l'effet escompté. Le parti est crédité de 211 sièges, soit l'un de ses plus mauvais scores jamais obtenus. Les travaillistes cèderaient ainsi pas moins de 44 sièges aux conservateurs, principalement chez les fidèles du parti (les "heartlands"). Alors qu'ils votent traditionnellement pour le Labour, les districts électoraux principalement industriels des Midlands et du nord de l'Angleterre s'étaient en effet largement exprimés en faveur du Brexit lors du référendum. Ils se seraient donc laissés convaincre par le “let’s get brexit done” de Johnson. Fort de sa majorité, Johnson ne devrait avoir aucun problème à faire passer son accord au parlement avant la date butoir de fin janvier 2020 et le Brexit deviendra donc une réalité. Les plus partis ne joueront aucun rôle significatif. Les nationalistes écossais du SNP progresseront à 43 sièges, les libéraux-démocrates ("LibDems") n'en obtiendront que 13 et le parti du Brexit de Nigel Farage, qui a renoncé à affronter les conservateurs sur leurs terres, ne devrait remporter aucun siège.

La livre sterling a gagné du terrain après la publication du sondage MRP. Le cours EUR/GBP s'est replié en direction de 0,85, son niveau le plus bas depuis le mois de mai. À court terme, la victoire des conservateurs signifie que le risque extrême de Brexit sans accord devrait disparaître. Nous craignons que 2020 sera une année plus difficile pour la monnaie britannique. D'un point de vue économique, les indicateurs de confiance des entreprises PMI se trouvent à leurs niveaux les plus bas depuis le référendum sur l'UE. Tant l'industrie manufacturière que les secteurs des services et de la construction sont en contraction. En outre, la Banque d'Angleterre dispose encore de cartes monétaires dans son jeu. Enfin, la période de transition arrivera à son terme à la fin de l'année prochaine. Il s'agit de la date d'échéance, particulièrement serrée, actuellement fixée pour conclure un nouvel accord commercial avec l'UE. Le risque de "no deal" pourrait donc réapparaître à ce moment-là. Pour 2020, nous pensons que la paire EUR/GBP trouvera de nouveau un équilibre au sein d'une fourchette située grosso modo entre 0,87 et 0,9050.

Mathias Van der Jeugt, salle des marchés KBC

EUR/GBP: nouvelles difficultés pour la livre en 2020?

Disclaimer:

Ce document a été préparé par le desk KBC – Economic Markets et n'a pas été rédigé par le département Research.  Le desk est composé de Mathias Van der Jeugt, Peter Wuyts en Mathias Janssens, analysts  à KBC Bank N.V., entreprise réglementée par l'Autorité des marchés et des services financiers (FSMA). Ces recommandations de marché sont le résultat d'une analyse qualitative, dans laquelle il y a place pour l'expérience passée et les évaluations personnelles. Les avis sont basés sur les conditions actuelles du marché et peuvent être modifiés à tout moment. Les contributions les plus importantes proviennent de données accessibles au public, de nouvelles financières, de la politique économique et monétaire et d'analyses techniques actuelles. Le desk desk KBC – Economic Markets a fait des efforts raisonnables pour obtenir ces informations de sources qu'il considère comme fiables, mais le contenu de ce document a été préparé sans faire une analyse substantielle de ces sources. Aucune évaluation n'a été faite pour déterminer si ces informations sont appropriées ou non pour un investisseur particulier. Les avis sont nos avis actuels à la date indiquée sur ce document et peuvent différer des recommandations précédentes en raison de l'évolution des conditions du marché. Les auteurs ne garantissent pas l'exactitude, l'exhaustivité ou la valeur (commerciale ou autre) de ce document. De même, les auteurs ne sont pas responsables envers quiconque reçoit ce résumé de toute perte ou dommage (qu'il s'agisse d'un délit (y compris la négligence), d'une rupture de contrat, d'une violation de la loi ou d'autres obligations) résultant d'un acte ou d'une omission sur la base de ce contenu, ou de toute réclamation contre les auteurs concernant le contenu ou les informations contenues dans ce document. Toutes les opinions exprimées dans le présent document reflètent le jugement au moment de la préparation de l'examen et sont susceptibles d'être modifiées sans préavis. Étant donné la nature de cet avis (lié à la monnaie et aux taux d'intérêt), il n'est généralement pas de nature spécifique.   Il n'y a donc aucune référence à un quelconque contrat de financement d'entreprise et il n'y a donc pas de vue d'ensemble sur 12 mois basée sur les différents avis. Ce document n'est valable que pour une période très limitée, en raison de l'évolution rapide des conditions du marché.

Publications liées

La Banque d’Angleterre n’est pas non plus la Fed

La Banque d’Angleterre n’est pas non plus la Fed

La Fed dans le noir

La Fed dans le noir

La banque centrale hongroise prêche la stabilité

La banque centrale hongroise prêche la stabilité

Nouveaux planchers pour les taux chinois

Nouveaux planchers pour les taux chinois