La panique de cet été est oubliée sur les marchés
L'indice boursier EuroStoxx 50 a gagné environ 9% depuis la mi-octobre et égale actuellement son sommet de 2017 (juste au-dessus de 3 700). Sur ces dix dernières années, l'indice n'a dépassé cette barre qu'au début de 2015 (plus haut: 3 836,28). Les trois grands indices américains (S&P 500, Dow Jones et Nasdaq) se trouvent actuellement à des plafonds historiques. Les derniers mouvements sont dus à des facteurs géopolitiques. La disparition du spectre d'un "Brexit sans accord", suivie par l'annonce de l'imminence d'un probable accord commercial partiel entre les États-Unis et la Chine, ont ainsi provoqué un mouvement d'euphorie. Et les bourses poursuivent aujourd'hui sur leur lancée, même si cet accord ne sera vraisemblablement pas officialisé en novembre, mais en décembre. Ce matin, les commentaires d'un porte-parole du ministère chinois des Affaires (commerciales) étrangères ont encore mis du baume au cœur des investisseurs. Gao Feng est allé encore un cran plus loin en déclarant que la Chine serait prête, après la signature de l'accord partiel, à diminuer progressivement ses barrières douanières. À condition évidemment que les États-Unis jouent également le jeu...
Les taux longs européens et américains (10 ans) ont grimpé de plus de 30 points de base sur cette même période. Le taux swap européen à 10 ans est repassé en positif. D'un point de vue technique, cette rupture au-dessus du niveau de résistance de 0% laisse supposer de nouvelles hausses. Sur le plan fondamental, les évolutions géopolitiques favorables ne sont pas les seules à jouer un rôle. Les chiffres économiques récemment publiés pèsent aussi dans la balance. Le risque de voir la récession qui touche actuellement l'industrie manufacturière, tournée vers les exportations, s'étendre à l'économie des services, axée sur le marché intérieur, a diminué. Or, le secteur des services représente environ 90% de la croissance du PIB aux États-Unis et entre 75% et 80% en Europe. Les chiffres économiques montrent des premiers signes de stabilisation, mais il est encore trop tôt pour parler d'une véritable reprise. L'indicateur ISM de confiance des entreprises dans le secteur des services a été publié ce mardi, clôturant ainsi l'importante série de livraisons mensuelles formée par les ISM, le rapport ADP et les payrolls. L'ISM est passé de 52,6 en septembre, son deuxième niveau le plus bas depuis 2012, à 54,7. Le marché s'attendait à un rebond plus timide (à 53,5). Plus important encore: plusieurs composants du rapport - activité, emploi et nouvelles commandes - ont gagné du terrain et laissent supposer qu'il n'y aura pas de recul en novembre.
Le tableau est plus nuancé en ce qui concerne le cours EUR/USD. Les données publiées aux États-Unis au début de ce mois ont (provisoirement?) mis fin au rebond lié au risque de l'euro. En peu de temps, la paire EUR/USD est passée du haut de la zone de 1,11 à pratiquement 1,1050. Le niveau de support à court terme (1,1064) est ici intervenu. Nous pensons que le cours EUR/USD pourrait légèrement repartir à la hausse si le climat général autour du risque demeure favorable. Nous risquons de connaître une période creuse ces prochains jours/prochaines semaines. La Fed et la BCE ne se réuniront en effet que respectivement le 11 et le 12 décembre. Quant aux prochaines statistiques importantes, il faudra attendre les PMI européens, le 22 novembre. En attendant, le marché va probablement évoluer au gré des fluctuations du sentiment vis-à-vis du risque. Bien que de nombreuses bonnes nouvelles soient déjà intégrées dans les cours, nous pensons que le sentiment devrait rester plutôt constructif, du moins jusqu'à ce que Trump et Xi Jinping signent leur accord partiel.