La faiblesse des PMI donne le ton d'entrée de jeu
La BCE et la Fed se sont réunies. En particulier en Europe, les lignes de force de la politique monétaire sont à nouveau fixées pour un certain temps. Aux États-Unis, le doute subsiste quant à la nécessité de nouveaux abaissements des taux. Le principal point de repère des banquiers centraux résidera dans les statistiques économiques. Les indicateurs PMI de confiance des entreprises ont aujourd'hui donné le coup d'envoi dans la zone euro. L'enquête menée auprès des directeurs d'achat donne le meilleur instantané possible de l'activité économique au sein de l'UEM. Les premières indications ne montrent aucun signe d'amélioration en septembre. Loin de là…
La France et l'Allemagne ont donné le ton d'entrée de jeu. Les PMI ont accusé un recul dans les deux pays, tant pour l'industrie manufacturière que pour le secteur des services. Le marché, lui, tablait sur une poursuite du statu quo auquel nous avons assisté pendant les mois d'été. Nous nous proposons de nous pencher tout particulièrement sur les chiffres allemands. L'économie allemande avait déjà fait état d'une croissance négative au deuxième trimestre, et la récession technique – deux trimestres consécutifs de croissance négative – est désormais un fait. Le PMI de l'industrie manufacturière, le secteur axé sur les exportations qui a été le plus touché par l'incertitude ambiante (Brexit, conflit commercial, industrie automobile), est retombé de 43,5 à 41,4 points, bien loin du seuil de 50 points qui marque pour le secteur la frontière entre croissance et contraction. Ce faisant, le PMI affiche à présent son niveau le plus bas depuis la mi-2009! Si l'on se penche sur les détails, on constate que l'indicateur précurseur des nouvelles commandes accuse actuellement son recul le plus rapide en plus de 7 ans. Les entreprises diffèrent leurs investissements et ont entièrement rattrapé leur retard dans l'exécution des commandes. Leur rythme d'exécution est même supérieur à celui de l'arrivée des nouvelles commandes. Cette situation se reflète également dans les sous-composantes relatives à l'emploi. La suppression d'emplois dans l'industrie manufacturière n'avait plus connu un tel rythme depuis début 2010.
Jusqu'ici, le secteur domestique des services parvenait en Allemagne à maintenir le PMI composé global à plus de 50 points. Ce n'est plus le cas désormais (49,1 points). Le PMI du secteur des services retombe pour sa part de 54,8 à 52,5 points. Pour la première fois en plus de 4 ans, la composante des nouvelles commandes s'est retranchée pour le secteur en deçà des 50 points, sur fond d'une stagnation de la croissance de l'emploi. Le constat que l'industrie manufacturière contamine à présent le secteur des services a tout d'un mauvais présage. À en croire l'institut qui établit les PMI, les chiffres de septembre seraient même de nature à d'ores et déjà hypothéquer le 4e trimestre!
Les PMI pour la zone euro trahissent une image sous-jacente identique. La situation ne cesse d'empirer pour l'industrie manufacturière (de 47 à 45,6 points), tandis que le secteur des services rencontre lui aussi des difficultés croissantes (de 53,5 à 52 points). Le PMI global (50,4 points) garde quant à lui tout juste la tête hors de l'eau. Les PMI du 3e trimestre suggèrent un rythme de croissance d'à peine 0,1% en glissement trimestriel, formant ainsi une base de comparaison aisée pour le dernier trimestre.
Le marché a laissé entrevoir une vive réaction lors de la publication des chiffres. Ces dernières semaines, la panique du mois d'août s'était peu à peu dissipée. Les taux d'intérêt européens affichent des reculs allant jusqu'à 8 points de base, avec pour résultat un aplatissement de la courbe. L'euro en subit les conséquences et s'est une nouvelle fois retranché sous la barre de 1,10. D'un point de vue technique, la fourchette se situant grosso modo entre 1,0920 et 1,1110 tient bon. Les bourses éprouvent elles aussi des difficultés à digérer ces statistiques et affichent des pertes allant jusqu'à 1%. Compte tenu de ce qui précède, personne ne s'étonnera d'apprendre que le Dax allemand est avec un recul de 1,5% le plus mauvais élève de la classe…
Mathias Van der Jeugt, salle des marchés KBC