Le calme avant la tempête (à cause des banques centrales)?

Les marchés

Les marchés évoluent sans réelle direction pour le moment. Les volumes sont réduits à cause des vacances, mais aussi parce que les marchés n'ont pas beaucoup de données (importantes) à se mettre sous la dent. Mais cette inertie peut aussi être vue comme une forme d'attente tendue. Tout le monde attend ainsi avec impatience le nom du nouveau Premier ministre britannique et les premières mesures que celui-ci prendra pour trancher le nœud gordien du Brexit. La plupart des observateurs s'attendent à voir Boris Johnson prendre la place de Theresa May à la tête du gouvernement britannique cet après-midi. Cette nomination marquera le début d'une nouvelle phase dans la saga du Brexit. Nous y reviendrons plus tard cette semaine.

En ce qui concerne les données économiques, la semaine sera marquée par la publication de l'indicateur PMI de confiance des entreprises dans l'UEM (demain) et de l'indicateur de confiance allemand IFO (jeudi). Une première estimation de la croissance du PIB américain au deuxième trimestre sera, par ailleurs, aussi publiée ce vendredi. Les banques centrales ne fixent évidemment pas leur politique en fonction des derniers rapports économiques parus. Mais il est tout de même clair que ces données pèseront dans la balance au moment où Draghi et Powell décideront de leur politique ce jeudi et mercredi prochain. Les marchés sont d'ores déjà convaincus que les deux banques centrales vont assouplir de leur politique. Reste à savoir dans quelle mesure elles interviendront et quand.

Le marché s'attend à ce que la BCE jette les bases d'une baisse de son taux de dépôt de 10 pb en septembre (à -0,5%) et trace éventuellement aussi les contours d'une relance de son programme d'achat d'actifs. "Auparavant", un tel changement de cap aurait presque certainement été étayé par une série de nouvelles prévisions économiques, mais celles-ci ne seront connues qu'en septembre. Mais aujourd'hui, les banques centrales se sont mis en tête de soutenir l'économie de manière "préventive". Draghi a aussi la réputation de ne pas vouloir brusquer les marchés. Or, ceux-ci sont pratiquement certains que les taux seront abaissés en septembre et évaluent la probabilité d'une baisse de taux déjà cette semaine à environ 35%. Si les PMI et/ou l'IFO déçoivent à nouveau, Draghi sera certainement interrogé sur les raisons qui le poussent à attendre si longtemps lors de la conférence de presse de ce jeudi. Cette pression éventuelle se fait déjà sentir dans le cours EUR/USD. Les investisseurs évitent pour le moment d'être longs sur l'euro afin de ne pas être pris à contrepied par une éventuelle action préventive de Draghi ce jeudi. Une baisse de taux surprise de la BCE laisserait certainement des traces sur le marché. Mais si la BCE décide de laisser sa politique inchangée, certains investisseurs ayant déjà anticipé un assouplissement se verront aussi contraints de revoir leur position. La journée de jeudi risque donc d'être agitée sur les marchés.

L'ombre de la réunion de la Fed prévue la semaine prochaine plane aussi sur les marchés. Les derniers commentaires de certains gouverneurs de la Fed en faveur d'une "période de calme" sont la preuve qu'il existe d'importantes divergences de vue au sein même de l'institution. Ainsi, certains ne voient encore aucune raison d'intervenir, alors que d'autres plaident vigoureusement en faveur d'une baisse de taux préventive de 50 pb. Le marché se situe entre les deux et considère un assouplissement de 25 pb comme le scénario le plus probable. Le taux de croissance du deuxième trimestre sera ici aussi utilisé par les deux camps comme un argument pour défendre leur cause. En cas de chiffre décevant, Jerome Powell devra aussi se justifier à la conférence de presse si la Fed n'a pas abaissé son taux directeur de 50 pb. La banque centrale américaine est évidemment indépendante, mais Trump s'est de nouveau immiscé dans le débat et a encore fait grimper la pression d'un cran. Hier, il a encore répété que la Fed freinait inutilement l'économie et qu'il ne manquerait pas de faire porter la responsabilité d'un éventuel affaiblissement de la croissance à Powell. En outre, la croissance devrait avoir été relativement faible au deuxième trimestre aux États-Unis en raison de toute une série de facteurs techniques (1,8%, contre 3,1%). Cela pourrait aussi être l'occasion pour les marchés d'ajuster leurs positions en prévision de la semaine prochaine. Après la BCE, la réunion de la Fed pourrait donc aussi venir perturber (fortement) le calme estival.

Le cours EUR/USD teste le niveau de support de 1,1180/90. Les investisseurs longs sur l'euro se méfient de Draghi.

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