Raab refroidit l'ambiance

Les marchés

Hier soir, il semblait qu'une nouvelle page allait s'ouvrir dans le dossier du Brexit. Les intenses discussions entre Londres et Bruxelles ont débouché mardi sur un texte d'accord sur le Brexit. Les membres du cabinet de Theresa May ont reçu cette brique de 600 pages hier. Après des discussions plus longues que prévu, ce qui, dans un premier temps, a fait craindre le pire, la Première ministre a finalement annoncé que ses ministres avaient donné leur feu vert au projet d'accord. Tout est bien qui finit bien? Pas tout à fait. On savait déjà que, même en cas d'accord définitif avec l'UE le 25 novembre, un obstacle de taille allait encore devoir être franchi au Parlement britannique. Les plus optimistes se sont néanmoins accrochés à l'idée que les "hard brexiters" au sein du gouvernement avaient (provisoirement) décidé de rester à bord.

L'accord de divorce contient en effet quelques pilules difficiles à avaler. Durant la période de transition (à partir de fin mars 2019) au cours de laquelle les détails de la future relation commerciale doivent être fixés, le Royaume-Uni aura les mains liées. Le pays restera dans une large mesure intégré économiquement à l'UE, mais perdra son droit de vote et ne pourra signer aucun accord commercial avec des tiers. Cette période transitoire pourrait en outre encore être prolongée pour une durée indéterminée (“20XX”). Une option à laquelle le Royaume-Uni et l'UE pourraient avoir recours pour gagner du temps afin de résoudre le problème irlandais. S'il n'y a pas de prolongation ou pas de solution pour l'Irlande, le filet de sécurité sera alors activé, dans lequel l'ensemble du Royaume-Uni sera maintenu dans l'union douanière. Mais l'Irlande du Nord resterait alignée sur les règles européennes plus strictes pour éviter tout contrôle à la frontière irlandaise. Cette solution signifierait de facto une séparation en termes de politique commerciale entre l'Ulster et le reste du Royaume-Uni, précisément "la" ligne rouge à ne pas franchir pour les Nord-irlandais du DUP, le parti sur lequel se repose May pour conserver sa maigre majorité au Parlement. Pour un accord au Parlement, la Première ministre comptait aussi sur le soutien du principal parti d'opposition, le Labour. Or, le président des travaillistes, Jeremy Corbyn, a encouragé les membres de son parti à voter contre le projet. L'accord risque donc de ne pas passer la cap du Parlement.

Les plus optimistes ont été refroidis ce matin par les démissions du ministre en charge du Brexit Dominic Raab et de la ministre du Travail Esther McVey. La position de May était déjà fragile, mais ces démissions pourraient lui être fatales. La menace d'un dépôt de motion de censure au sein de son propre camp se fait de plus en plus précise. Et le risque de voir le gouvernement de May devient de plus en plus grand. Si tel devait être le cas, cela signifie que le sommet européen du 25 novembre tomberait aussi à l'eau. Et il est très difficile de savoir comment les choses pourraient évoluer par la suite. De nouvelles élections? Un nouveau référendum? Une sortie sans accord ou même pas de Brexit du tout? La seule chose qui est sûre, c'est qu'il faudra reprendre tout depuis le début.

La livre sterling a dans un premier temps bien réagi à l'annonce de l'accord du gouvernement. Mais les récentes démissions et le spectre d'une motion de méfiance plongent le marché dans une grande incertitude. La livre perd actuellement 1,50% par rapport à l'euro. Le cours EUR/GBP cote de nouveau largement au-dessus de 0,88, alors qu'il se trouvait à 0,87 hier. Nous craignons cependant que ce ne soit qu'un début. Les mois qui viennent risquent d'être particulièrement agités pour la monnaie britannique.
 

Figure -EUR/GBP: la livre perd 1,5% après les démissions de Raab et McVey

Source: Bloomberg

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