Perspectives économiques pour la Belgique
Les indicateurs de confiance en Belgique se sont affaiblis ces derniers mois en raison des inquiétudes croissantes concernant les perspectives de croissance de la zone euro. Le sentiment dans l'industrie manufacturière en particulier s'est détérioré dans un environnement extérieur faible. L'évaluation des niveaux des carnets de commandes à l'exportation a connu un nouveau coup dur au cours des mois d'été, effaçant complètement la tendance à la hausse amorcée en mars (voir graphique BE1).
Au niveau régional, la morosité qui touche l'industrie semble affecter davantage le moral des consommateurs en Flandre (voir graphique BE2). L'industrie belge est principalement concentrée en Flandre, avec un certain nombre d'entreprises bien connues dans la région déclarées en faillite dans le courant de l'année 2024 (par exemple, le fabricant d'autobus Van Hool et le fabricant de semi-conducteurs BelGaN). Pour l'ensemble de la Belgique, le nombre de travailleurs concernés par des licenciements collectifs a fortement augmenté au cours des trois premiers trimestres de 2024, atteignant 8 900 personnes et dépassant la moyenne annuelle 2010-2023.
Le moteur de la croissance piétine
Il n'y a cependant pas que des mauvaises nouvelles, et la faiblesse actuelle de l'industrie manufacturière n'est pas nécessairement un baromètre de la mauvaise santé de l'économie en général. Le climat des affaires dans les services professionnels se maintient jusqu'à présent et le climat commercial a même connu une forte hausse en août et en septembre. Les signaux déprimés des enquêtes sur l'industrie manufacturière nous ont néanmoins amenés à revoir légèrement à la baisse les perspectives de croissance du PIB trimestriel pour le troisième trimestre et le trimestre suivant. Plus précisément, et conformément aux changements apportés à notre scénario pour la zone euro, nous avons revu à la baisse la croissance trimestrielle de l'économie belge au troisième trimestre, de 0,20 % à 0,15 %, et au quatrième trimestre, de 0,30 % à 0,25 %. La croissance trimestrielle devrait rester légèrement inférieure à 0,30 % au cours du premier semestre 2025, avec un retour à ce taux à partir du troisième trimestre 2025. La croissance belge pour l'ensemble de l'année est désormais estimée à 1,0 % pour 2024 et 2025, contre 1,1 % et 1,2 % respectivement.
L'inflation harmonisée belge (IPCH) s'est stabilisée à 4,3 % en septembre, ce qui montre une fois de plus qu'elle diminue moins vite que prévu. Après la baisse enregistrée entre juin et août, l'inflation de l'énergie n'a diminué que marginalement cette fois-ci, passant de 11,2 % à 11,0 %. L'électricité et le gaz ont eu un effet à la hausse important sur le taux d'inflation de septembre. Les chiffres belges contrastent avec ceux de la zone euro : alors que l'inflation dans la zone euro diminue plus rapidement que prévu, ce n'est pas le cas en Belgique. Par conséquent, nous avons une fois de plus légèrement révisé les perspectives pour l'inflation annuelle IPCH de 2024, de 4,0 % à 4,1 %. Nous prévoyons toujours une nouvelle baisse de l'inflation globale mensuelle en 2025. Notre prévision d'inflation annuelle pour 2025 est maintenant de 2,1 %, en légère baisse par rapport aux 2,2 % précédents.
Données sur les prix de l'immobilier au deuxième trimestre
Début octobre, Eurostat a publié les chiffres harmonisés des prix de l'immobilier pour le deuxième trimestre 2024. L'élément le plus frappant dans les chiffres du deuxième trimestre est la diminution du nombre de pays de l'UE où les prix ont baissé par rapport au trimestre précédent. Au pic du quatrième trimestre 2022, ils étaient seize. Au premier trimestre 2024, ce nombre était tombé à huit et au deuxième trimestre 2024, il n'était plus que de deux (voir "Sky over European housing market clears further" (kbc.com)). La Belgique est l'un de ces deux pays, avec une baisse trimestrielle des prix limitée à 0,2 %. La correction n'a concerné que les nouvelles constructions (-1,2 %). Les prix des logements existants ont continué à augmenter légèrement de 0,1% (voir graphique BE3). La minuscule baisse des prix des logements dans leur ensemble fait suite à trois trimestres précédents de hausses décentes des prix. L'augmentation cumulée entre le deuxième trimestre 2023 et le premier trimestre 2024 a été de 3,6 %. Pour les logements existants, elle était de 2,5 %, et de 8,1 % pour les logements neufs.
En règle générale, les variations trimestrielles des prix de l'immobilier sont assez volatils, de sorte qu'il n'y a pas lieu de s'inquiéter outre mesure de la légère baisse des prix au deuxième trimestre. Sur une base annuelle, la dynamique des prix a continué à s'accélérer en Belgique, passant de 3,2 % en glissement annuel au premier trimestre à 3,4 % en glissement annuel au deuxième trimestre. Pour les nouveaux logements, l'augmentation en glissement annuel au deuxième trimestre était de 6,8 % (7,8 % au premier trimestre), pour les logements existants, de 2,6 % (2,1 % au premier trimestre). En fait, les chiffres du deuxième trimestre ont quelque peu tempéré le rythme soutenu des augmentations des prix de la construction neuve au cours des trimestres précédents. Les données du deuxième trimestre ne modifient pas sensiblement notre opinion sur l'immobilier belge. Pour les logements existants et neufs confondus, nous prévoyons toujours une croissance annuelle des prix de l'immobilier d'environ 3 % en 2024 et 2025.