Trump ouvre un "nouveau" front

"Beaucoup réclament des "baisses préventives" des taux d’intérêt. Avec le net recul des coûts énergétiques, des prix alimentaires (y compris la catastrophe des œufs provoquée par Biden !) nettement plus bas et la plupart des autres "choses" orientées à la baisse, l’inflation est quasiment inexistante. Avec une telle tendance à la baisse, comme je l’avais prédit, il ne peut y avoir quasiment aucune inflation, mais un RALENTISSEMENT de l’économie est possible à moins que M. "Trop Tard", un grand "loser", baisse les taux d’intérêt, MAINTENANT. L’Europe a déjà "baissé" sept fois. Powell a toujours été "Trop Tard", sauf en période électorale, où il a réduit les taux pour aider "Sleepy Joe Biden", et ensuite Kamala, à se faire élire. Pour quel résultat ?"
Ce message a été publié hier par le président américain. Après s'être attaqué à des relations commerciales bien établies et avoir défié l’état de droit aux États-Unis, Trump ouvre un nouveau front. Il vise désormais la Réserve fédérale et c’est le président qui prend les coups. Ce n’est pas la première fois que Trump s'en prend à Powell, mais les attaques verbales vont crescendo depuis la semaine dernière et le discours prononcé par le président de la Fed mercredi. Discours au cours duquel Powell a précisé le point de vue de la banque centrale : l’inflation et l’ancrage des anticipations inflationnistes à long terme sont et restent la priorité, confirmant ainsi notre scénario privilégié d’une longue pause après le dernier abaissement réalisé en décembre dernier. Mais Trump comptait sur la collaboration de la Fed. Le président s’attaque au déficit commercial en mettant en place des droits de douane disruptifs et la Fed intervient en abaissant les taux afin d'amortir le choc sur l'économie. Le fait de pouvoir par la suite mettre en œuvre sa politique budgétaire expansionniste à un taux réduit ne serait par ailleurs pas pour déplaire à Trump.
La Fed a, par l’intermédiaire de Powell, écarté cette piste. Le mandat de ce dernier court encore jusqu’en mai 2026, mais Trump ne serait pas contre un départ prématuré. L’appel au licenciement de Powell est non seulement de plus en plus marqué, mais il est aussi effectivement examiné par l’administration. La semaine dernière, le président a discuté de cette idée avec l’ancien gouverneur de la Fed, Kevin Warsh (2006-2011), mais celui-ci le lui a déconseillé. Selon certaines rumeurs, le ministre des Finances, Scott Bessent, aurait aussi déjà mis en garde la Maison-Blanche à plusieurs reprises. Dans la pratique, limoger Powell semble compliqué en l'absence de faute ou motif grave. Il n'y a pas non plus de précédent juridique. L’indépendance politique de la banque centrale est protégée depuis 1935 par l’arrêt "Humphrey's Executor v. United States". Mais sous Trump 2.0, il n'y a plus aucune certitude. En ce moment, la Cour suprême américaine se penche sur deux autres licenciements décidés par Trump dans des institutions politiquement indépendantes. Les deux personnes concernées n’ont pas le même profil que Powell, mais ces deux dossiers méritent d'être examinés.
Pendant ce temps, Trump tente de renvoyer la balle, en répétant sans cesse la même chose. "Si l’économie déraille, ce sera de la faute de la Fed." Le message passe peut-être auprès du grand public, mais pas sur les marchés financiers, qui encaissent un énième coup. Cette (simple apparence d') ingérence du politique dans la Fed a instantanément redonné de la force aux mouvements "Sell America". Tant les bourses que les obligations d’État et le dollar ont dévissé. Le taux américain à 30 ans s’approche à nouveau du seuil symboliquement très important des 5 %, et ce pour de mauvaises raisons (prime de risque). Sur une base pondérée des échanges commerciaux, le dollar est retombé à son niveau le plus bas depuis début 2022 et le cours EUR/USD s’est installé au-dessus de 1,15. Nous continuons de tabler sur un retour au sommet de 2021 (1,2349).
Les actifs américains sont à nouveau sous pression. Le cours EUR/USD s’est installé au-dessus de 1,15.
