Tripler la capacité de production d’énergie renouvelable, est-ce possible?
Lors de la conférence de 2023 sur les changements climatiques, ou COP28, 123 pays, dont les pays de l’UE, les États-Unis et de nombreux pays d’Amérique latine et d’Afrique, ont signé une promesse de multiplier par trois leur capacité de production d’énergie renouvelable à 11 000 gigawatts d’ici 2030. Cette idée d’un triplement ne sort pas de nulle part: elle se fonde sur une publication de l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA), qui a tracé une feuille de route pour atteindre l’objectif de 1,5 °C d’ici 2050. Deux grands consommateurs d’énergie, la Chine et l’Inde, n’ont pas signé la promesse. Mais cela ne veut pas dire qu’ils ne contribueront pas à sa réalisation: même sans engagement, les deux pays ont fortement investi dans les énergies renouvelables ces dernières années. Pour la Chine, cette évolution s’inscrit dans le cadre de son plan quinquennal sur les énergies renouvelables, présenté en 2022. Elle s’y engage notamment à produire 33% de son électricité à partir de sources renouvelables et à porter la part du renouvelable dans son mix énergétique à 20% d’ici 2025.
Situation actuelle
Ces dernières années, la capacité mondiale de production d’énergie renouvelable a déjà fortement augmenté. Selon la dernière mouture du rapport Renewables de l’AIE, en 2023, elle a traversé une croissance de près de 510 gigawatts (voir graphique), une hausse de 50% par rapport au rythme de l’année précédente. C’est aussi la croissance la plus rapide atteinte au cours des deux dernières décennies. En Chine surtout, l’évolution a été spectaculaire. Rien qu’en 2023, le pays a installé autant de panneaux solaires qu’il n’en a été installé dans le monde entier en 2022; quant à la capacité de production d’énergie éolienne, elle a augmenté de 66% en glissement annuel. Les États-Unis et l’Europe aussi ont fortement accru leur capacité de génération d’énergie renouvelable, mais dans une moindre mesure que la Chine.
Une multiplication par 3 est-elle possible?
Compte tenu de l’objectif actuel et des conditions de marché, l’AIE estime que la capacité de production d’énergie renouvelable sera multipliée par 2,5 entre 2022 et 2030. L’AIE conclut que pour combler l’écart entre l’augmentation attendue et l’augmentation souhaitée, il faudra des investissements supplémentaires dans l’infrastructure de réseau et lever les obstacles et les retards administratifs. L’AIE appelle aussi à dégager des financements supplémentaires pour soutenir le déploiement des énergies renouvelables dans les économies émergentes. Ces dernières années, ces pays ont été confrontés à des taux d’intérêt plus élevés, ce qui a freiné ce déploiement. Mais du fait de leur croissance plus rapide en moyenne (en termes de PIB et de population) par rapport aux économies développées, il est d’autant plus important de les engager dans la production d’énergies renouvelables.
Tout semble indiquer que le déploiement des énergies renouvelables ira encore plus vite dans les années à venir que par le passé. Et il le faudra, car sans expansion drastique des énergies renouvelables, le monde n’atteindra pas l’objectif de zéro émission nette d’ici 2050.