Hongrie et Tchéquie: même démarche, autre état d’esprit
Cette semaine, la Banque nationale hongroise (MNB) et la Banque nationale tchèque (CNB) se sont réunies. Toutes deux ont déjà commencé à assouplir leurs politiques monétaires et sont entrées dans la phase d’ajustement. Une réunion après l’autre, elles évaluent si elles ont de la marge pour abaisser les taux. Si toutes les pièces du puzzle se mettent en place au niveau national, l’entrée en matière déterminée de la Fed pourrait leur offrir des possibilités, avec une nouvelle évaluation à la fin de l’année.
La Banque nationale hongroise surtout se réjouit du climat général plus favorable. En principe, cela rend le forint un peu moins vulnérable. Après une pause en août, la MNB a abaissé le taux de 6,75% à 6,50%. Néanmoins, la chute de l’inflation au mois d’août (3,4% en glissement annuel) est surtout due à la baisse des prix du pétrole. La MNB admet que d’ici la fin de l’année, l’inflation générale pourrait remonter à 4% et l’inflation de base à 5%. Mais selon ses nouvelles prévisions, l’objectif de 3% se rapprocherait l’année prochaine (3,15%) et en 2026 (3%). Quant aux prévisions de croissance, elles ont été fortement revues à la baisse pour cette année (de 2,5% à 1,4%) et pour 2025 (de 4% à 3,2%).
Dans son communiqué de politique, la MNB ne donne plus d’indication directe quant à la trajectoire des abaissements futurs. Mais le vice-gouverneur Virag a déclaré qu’ils n’étaient pas à exclure pour les trois réunions à venir. À nouveau, il donne au marché l’impression que la MNB va botter en touche et utiliser toute sa marge de manœuvre pour abaisser le taux/soutenir la croissance. Dans ce scénario, et même dans un contexte général souple, il n’y aura pas beaucoup de bénéfices à grappiller pour le HUF. C’est un peu une ‘prophétie autodestructrice’. De plus, les doutes latents relatifs à la consolidation fiscale ne favorisent pas non plus l’évolution de la devise. Nous considérons ainsi le forint comme une monnaie en baisse tendancielle, susceptible de s’établir lentement mais sûrement au-dessus de 400.
La Banque nationale tchèque a également abaissé son taux directeur de 25 pb, à 4,25%. Mais le sentiment qui accompagne cette décision est tout différent. D’une part, la CNB est convaincue que l’inflation restera proche de 2%. D’autre part, elle met en garde contre des risques haussiers (salaires, inflation des services, etc.). Et dans les mois à venir, les effets de base pourront aussi pousser temporairement l’inflation à la hausse. Si ces risques haussiers se matérialisent, la CNB interrompra le cycle d’assouplissement, même si le taux directeur reste restrictif. Mieux vaut être un peu trop prudent que de devoir admettre la défaite à un stade ultérieur: cela reflète bien l’ADN orthodoxe de la CNB. Ainsi, même si elle abaisse encore le taux de 25 pb lors des deux réunions à venir, il restera au-dessus du niveau neutre (près de 3,5%). De ce fait, la couronne bénéficiera toujours d’un taux d’intérêt réel appréciable. (3,75% - 2,0% d’inflation).
Après avoir langui autour de EUR/CZK 25,50 cet été, la couronne a récemment su se redresser. Mais pour l’instant, le marché ne se montre guère généreux dans son appréciation de la politique orthodoxe de la CNB. À l’heure actuelle, le cours EUR/CZK 25 constitue un niveau de soutien important (seuil de résistance pour la couronne). Moyennant une ou deux interventions XL supplémentaires de la Fed, la devise pourrait ensuite reprendre l’avantage.