Indices des directeurs d’achats: réouverture du débat pour la réunion d’octobre
La BCE a beau dépendre des données, elle ne laissera pas l’un ou l’autre chiffre mensuel lui dicter sa conduite. C’est en tout cas la ligne officielle, mais après la publication d’indicateurs de confiance PMI (indices des directeurs d’achats) extrêmement faibles pour septembre, le sang-froid de la Banque centrale européenne sera bientôt mis à l’épreuve. Il y a deux semaines, vu les prévisions de croissance et d’inflation quasiment inchangées et le délai court entre les réunions de septembre et d’octobre, il était quasiment certain que le taux serait maintenu tel quel le 17 octobre. Or les PMI sèment d’ores et déjà le doute. Les taux d’inflation pour la zone euro (septembre) seront publiés le 1er octobre.
Pour la première fois depuis février, le PMI global est tombé sous la barre des 50, la limite qui sépare la croissance de la contraction. Qui plus est, cette chute (de 51 à 48,9) s’avère beaucoup plus importante que prévu (50,5). L’Allemagne continue à exprimer la faiblesse de la dynamique de croissance, tandis que la France accuse une baisse de régime après le stimulant olympique des mois de juillet et surtout d’août. Les autres pays de la zone euro sont toujours en phase de croissance, mais là encore, le rythme est en train de ralentir. Les entreprises actent un recul du nombre de nouvelles commandes pour le quatrième mois consécutif. Et cette fois, ce n’est pas seulement l’industrie manufacturière axée sur les exportations qui est touché, mais aussi le secteur des services domestiques, pour la première fois en sept mois. L’activité dans l’économie des services se maintient à peine, tandis que le malaise persiste dans l’industrie manufacturière. Et l’avenir ne semble pas rose, comme en témoigne la quatrième baisse consécutive du composant prévisionnel de l’enquête PMI, qui a atteint son niveau le plus bas depuis novembre dernier. Ainsi, le pessimisme croissant a donné lieu à des licenciements nets pour le deuxième mois d’affilée, toujours principalement dans l’industrie, même si le secteur des services affiche désormais la croissance de l’emploi la plus faible depuis août 2023. La perte de confiance se traduit en outre par de nouvelles réductions des stocks et une poursuite de la baisse des achats de matières premières. La hausse des prix des producteurs est tombée à son rythme le plus lent depuis novembre 2020. Les prix de vente étaient encore un peu plus élevés, mais la pression sur les prix est en train de diminuer et touche un plancher depuis le début de la spirale inflationniste en février 2021.
Après la publication des chiffres de ce matin, le taux swap européen à 2 ans a perdu environ 5 points de base et teste son plancher de septembre à 2,4%. La semaine dernière, le marché monétaire européen estimait encore à 25% la probabilité d’un abaissement des taux d’intérêt (25 pb) en octobre. Cette estimation est en train de passer à 50%. Sur le marché des changes, le test du sommet annuel EUR/USD autour de 1,1202 semble reporté: la paire de devises retombe à 1,11 aujourd’hui. Tant que le marché entretiendra l’idée que la Fed pourra procéder à un nouvel abaissement de taux de 50 pb en novembre, notre scénario de prédilection, les deux devises continueront à équilibrer leurs faiblesses. En principe, une perte (accélérée) du soutien des taux d’intérêt maintiendra la pression sur le billet vert. Vendredi dernier, un gouverneur influent de la Fed, Waller, avait déjà indiqué qu’il n’en faudrait pas beaucoup pour maintenir le cap de 50 pb. En attendant, la publication des indices des directeurs d’achat américains pourra provoquer un regain de volatilité dès cet après-midi.
Mathias Van der Jeugt, salle des marchés KBC