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Glapinski fait grimper les taux polonais

Les marchés

La banque centrale polonaise (NBP) n’est pas vraiment ce que l'on peut appeler un modèle d’orthodoxie monétaire. Un peu comme en Hongrie, la croissance prend souvent la priorité sur la stabilité des prix. Et les mauvaises langues n'hésitent parfois pas à remettre en question l'indépendance de la banque. Dans cet article, nous nous en tiendrons aux faits. Et nous vous laisserons le soin de juger.

Ce que vous devez savoir. Entre septembre 2021 et septembre 2022, la NBP a fait passer son taux d’intérêt de 0,1 % à 6,75 %. L’inflation CPI a atteint son pic cinq mois plus tard, à 18,4 %. Un an après le dernier relèvement, la NBP avait déjà vu de la place pour une première baisse de taux. Et elle n'a d’emblée pas lésiné, avec une réduction de 75 pb. La condition fixée par son président Adam Glapinski (PCI < 10 %) n’était pourtant pas remplie. « Ça finira par arriver. » Le 5 octobre, la banque centrale a encore procédé à un abaissement de 25 points de base. L’inflation PCI s’élevait alors à 8,2 %. Cela signifie que la politique monétaire était, via un taux réel négatif (corrigé de l’inflation), toujours extrêmement accommodante, malgré un objectif d’inflation de 2,5 % encore loin d’être atteint. Le revirement de politique a eu lieu peu avant les élections polonaises du 15 octobre, marquée par la défaire du parti euroceptique PiS, au pouvoir depuis huit ans. Au cours de cette période, le parti avait réussi à placer Duda à la présidence du pays (encore en poste jusqu’en 2025) et Glapinski à la tête de la NBP (jusqu'en 2028).

Après la victoire électorale du bloc pro-européen emmené par Donald Tusk, les choses ont de nouveau changé à la NBP. L’inflation a continué de ralentir pour atteindre 6,1 % en décembre, mais la banque centrale maintient le statu quo depuis novembre. Elle l'a d'ailleurs confirmé lors sa première réunion de l’année avant-hier. C’est surtout les incertitudes autour de la politique (budgétaire) de Tusk qui incite à la prudence, semble-t-il. La déclaration de politique de la réunion de janvier n'a pratiquement rien apporté de neuf à ce niveau. Contrairement aux commentaires de Glapinski le lendemain. Le président a surtout surpris en évoquant, sans crier gare, la possibilité de nouveaux resserrements de taux. Ce n’est pas le scénario de base, mais Glapinski garde toutes les options ouvertes au cas où le gouvernement normaliserait à la fois le taux de TVA sur l’alimentation et les subventions énergétiques. L’inflation pourrait alors à nouveau s’accélérer et atteindre 8 % au second semestre. Dans son autre ligne de réflexion, Glapinski s’inquiète du ralentissement de la désinflation dans les mesures sous-jacentes, notamment en raison des pénuries persistantes sur le marché du travail. Selon les dernières données, l’inflation de base (hors alimentation et énergie) s’élevait à 7,3 % (novembre).

Le président a clairement laissé entendre que le taux directeur resterait aussi inchangé en février. En théorie, le nouvel épisode d'assouplissement pourrait avoir lieu en mars (nouvelles prévisions disponibles) . KBC Economics table également sur cette réunion depuis celle de novembre. Mais après les commentaires de Glapinski hier, la balance penche de nouveau davantage en faveur d'un nouveau report. Cela pourrait, par exemple, être le cas si la NBP estime à ce moment-là qu'elle n'a pas encore suffisamment d'informations sur la politique budgétaire. Les taux swap polonais ont en tous les cas grimpé hier après la conférence de presse, emmenés sans suprise par les courtes échéances (+10 pb). Le zloty a gagné du terrain sur une base journalière, mais n’a pas nécessairement fait mieux que les autres devises de la région. La perspective d’un taux d’intérêt réel positif et le changement de régime politique offrent au zloty de solides atouts. Nous pensons toutefois que la monnaie polonaise a déjà intégré une grande partie de ces éléments. Si les taux d’intérêt américains et européens commencent également à prendre le contrepied de la récente correction, une rupture en dessous de EUR/PLN 4,30 ne sera pas évidente à court terme.

EUR/PLN : le zloty a déjà bien intégré l’évolution du contexte politique et monétaire.

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