Super Mario: le niveau suivant?
1 009 parlementaires, sénateurs et représentants régionaux italiens ont une décision importante à prendre cette semaine. En jeu: la présidence italienne. Un scrutin suivi avec beaucoup d’intérêt et quelques craintes, tant au niveau national qu’international, tant il est déterminant pour l’avenir politique proche de l’Italie et donc, pour l’avenir économique à court et moyen terme. La question clé n’est pas de savoir qui sera le nouveau président – le premier ministre Draghi est déjà un favori de beaucoup –, mais plutôt de savoir si l’attribution de la présidence à Draghi serait une bonne chose. Autrement dit: sept années de présidence compenseraient-elles une précieuse année supplémentaire de Super Mario en tant que premier ministre italien?
Effets domino?
Le calcul est moins simple qu’il n’y paraît. La présidence italienne n’est pas une fonction purement cérémoniale. Depuis le palais du Quirinal, Draghi aurait une influence certaine sur la politique italienne, en particulier en cas de crises politiques. Mais, comme Mario Draghi l’a souvent dit lui-même en tant que président de la BCE, c’est l’hypothèse inverse qui compte. En peu de temps, Mario Draghi s’est forgé une solide réputation en tant que premier ministre d’un gouvernement d’unité nationale (voir aussi l’Opinion économique KBC du 21/01/2022). Il a remis sur les rails la campagne de vaccination contre la Covid, a assuré un large soutien aux plans de relance économique (et à un financement européen généreux) et a lancé la réforme structurelle de l’économie italienne en vue de relancer la croissance économique et de stabiliser la dette publique. Il est certain que Draghi accepterait la présidence si elle lui revenait. Comme le veut la tradition italienne, il n’a ni démenti ni confirmé, mais s’est décrit comme “Un homme, un grand-père au service des institutions”. Ce choix assurera-t-il pour autant la stabilité politique? Un scénario dans lequel l’Italie se dirigerait vers de nouvelles élections législatives (anticipées) n’est pas exclu.
L’Europe suit attentivement les élections présidentielles en cours. Si Draghi devient président, l’Italie pourra-t-elle maintenir sa dynamique de réforme politique et économique? La réputation et l’avenir du Fonds de relance européen dépendent fortement d’une implémentation réussie en Italie. Dans les mois à venir, de nombreuses étapes des plans de relance devront être franchies. À cet égard, un (éventuel) nouveau premier ministre italien pourra-t-il résister à la pression des partis politique à l’approche des nouvelles élections parlementaires (qui devront de toute manière avoir lieu au plus tard en 2023)?
Marchés financiers
Pour l’heure, les marchés financiers restent dans l’expectative. Même avec la perspective de la disparition du soutien du PEPP, la pression sur les primes de risque de crédit italiennes reste (provisoirement) limitée. La question de savoir si Draghi parviendra également à convaincre les marchés depuis le Quirinal est intéressante, mais demeure théorique. Lundi et hier, les deux premiers tours de vote n’ont pas encore donné de nouveau président. Le sort en sera probablement jeté demain…
Hans Dewachter, KBC Group Chief Economist