L'(avant-)dernier de la Banque du Canada
Cette semaine, la Banque du Canada (BoC) a relevé son taux directeur de 25 points de base à 5% pour la deuxième fois consécutive. Elle avait avant cela mis ses relèvements de taux sur pause lors de deux réunions précédentes (mars et avril). Lors de la conférence de presse qui a suivi, le gouverneur Macklem a encore évoqué un éventuel relèvement des taux supplémentaire, en fonction des données, mais la déclaration de politique était déjà un peu plus neutre qu'en juin.
Aucune référence spécifique à l’inflation de base sous-jacente obstinément élevée, à la consommation étonnamment forte, à la croissance supérieure aux attentes et à une politique monétaire insuffisamment restrictive n’a cette fois été faite. Les nouvelles prévisions concernant la croissance et l’inflation ne sont toutefois pas de nature à pousser le marché à spéculer sur des baisses de taux. La BoC table sur une croissance de 1,8% cette année, 1,2% l’année prochaine et 2,4% en 2025. Un atterrissage en douceur, sans récession. Macklem et ses collègues estiment que l’inflation (3,4% en glissement annuel en mai) flirtera avec les 3% au cours des 12 prochains mois, avant un retour vers l’objectif de 2% à la mi-2025. C’est un peu plus tard que prévu dans les rapports de politique de janvier et avril. Le marché du travail tendu (pression salariale comprise) et la reprise sur le marché résidentiel constituent des arguments supplémentaires pour ne pas encore crier victoire dans la lutte contre l’inflation.
Le cours USD/CAD est passé de 1,3240 à un nouveau plus bas de l’année, juste au-dessus de 1,31, mais ce mouvement était surtout dû à la faiblesse du dollar après la publication de chiffres de l’inflation américaine légèrement inférieurs. Le prochain niveau de support se situe à la barre psychologique de 1,30. Les taux swap canadiens ont suivi l’évolution globale et ont perdu plus de 10 points de base sur les échéances à 15 ans. Les taux du marché monétaire canadien estiment la probabilité d’avoir un dernier relèvement de taux avant la fin de l’année à 50/50. La prochaine réunion de politique n’aura lieu que le 6 septembre. En attendant, deux autres rapports d’inflation et une mise à jour sur le marché du travail sont prévus.
Outre ces chiffres nationaux, le cours de la Fed sera déterminant. Un relèvement des taux en juillet (à 5,25%-5,50%) est prévu mais, après cette semaine, le marché ne croit plus que la banque centrale relèvera encore ses taux en septembre. Du point de vue de la Fed, il s’agit pourtant du scénario de base. Ne cherchez pas d’autres directives après aujourd’hui, car les membres de la banque centrale américaine ont un devoir de réserve à l’approche de la réunion du 26 juillet. En ce qui concerne les chiffres économiques et les volumes négociés aussi, la semaine prochaine s’annonce plus sobre.
La BCE nous a encore transmis hier le procès-verbal de la réunion de juin. Il est frappant d'y lire qu’il a initialement été envisagé de relever les taux de 50 points de base en juin, au lieu de 25. Si l'évolution pour le mois de juillet (+25 pb) ne fait plus aucun doute depuis un certain temps déjà, le procès-verbal était cependant plus clair que la présidente de la BCE, Christine Lagarde, lors de la conférence de presse de septembre (+25 pb), par exemple. L’inflation de base sous-jacente reste trop élevée et constitue la principale source de préoccupation.
Mathias Van der Jeugt, salle des marchés KBC