L’Afrique du Sud victime des coupures de courant

Les marchés

Cora Vandamme

L’Afrique du Sud a démarré la nouvelle année dans le noir. Les coupures d’électricité ne sont pas une nouveauté dans le pays, mais l’ampleur qu'elles ont prises ces derniers mois est en revanche inédite. En 2022, il y a eu plus de 200 jours de coupures de courant et ce chiffre devrait même grimper à 250 cette année. Ce chiffre dépasse largement le nombre de 100 jours anticipé par la banque centrale sud-africaine dans ses prévisions de croissance économique publiées en novembre. Celle-ci a donc été contrainte de revoir drastiquement à la baisse sa prévision de croissance réelle du PIB pour 2023, de 1,1 % à 0,3 % en glissement annuel.

La faute à Eskom

La principale responsabilité de ces coupures de courant incombe à l’entreprise d’État Eskom. Celle-ci fournit plus de 90 % de l’électricité dans le pays, mais ne parvient pas à fournir suffisamment de courant à cause de la corruption, du manque d’investissements et de l’obsolescence des centrales au charbon. Les troubles provoqués par les nombreuses, et souvent longues, coupures de courant (10 heures par jour) mettent le gouvernement actuel du président Cyril Ramaphosa sous pression, alors que des élections sont prévues l’année prochaine.

Le gouvernement tente de recoller des morceaux

Afin de préserver les infrastructures critiques des pannes et de réduire le nombre des coupures, le gouvernement a déclaré l'état d’urgence début février. Cette décision doit permettre d’accélérer la mise en œuvre des projets énergétiques, de libérer des fonds et de contourner la réglementation. L'état d’urgence s’ajoute aux politiques ambitieuses déjà mises en œuvre par le gouvernement en vue de briser le monopole d’Eskom et permettre une production d’énergie privée. Ces plans ne produiront leurs effets que dans quelques années. En attendant, nombre d'entreprises tentent de se débrouiller en investissant dans des solutions temporaires ou locales, comme des groupes électrogènes au diesel et des panneaux solaires. Cela n’a été rendu possible que l’année dernière avec la suppression de l’obligation de licence pour les entreprises qui produisent leur propre électricité.

Ralentissement du resserrement de la politique monétaire

Malgré toutes les mesures prises par le gouvernement, la banque centrale a décidé de ne relever son taux directeur que de 0,25 point de pourcentage (0,5 point de pourcentage attendu). Pour justifier sa décision, elle a pointé le recul des prévisions de croissance et la baisse prudente de l’inflation. La banque centrale n'est donc pas vraiment convaincue que les problèmes d’électricité pourront ête résolus rapidement.

La devise sud-africaine n'est pas épargnée. À la fin de 2022, le rand avait encore profité du regain d’appétit pour le risque sur les marchés financiers et de l’appréciation des devises des économies émergentes qui en découlait. Au début de 2023, la devise s’est toutefois découplée du dollar en raison des inquiétudes croissantes concernant l’impact économique des coupures d’électricité. Le taux de change actuel du ZAR est donc relativement plus faible que celui de devises d'autres pays en développement comparables.

USD/ZAR

Bron: Bloomberg

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