La banque centrale tchèque reste sur la touche

Les marchés

La banque centrale tchèque (CNB) a décidé de rester un peu plus longtemps sur la touche. Pour la deuxième réunion consécutive, elle a maintenu le taux directeur inchangé à 1,75%. Deux des sept décideurs ont voté en faveur d'une poursuite du cycle de durcissement monétaire, mais la majorité s'est ralliée au revirement amorcé début 2019 par d'autres banquiers centraux. À court terme, la CNB veut avant tout faire preuve de prudence et adopter une attitude expectative. Elle se sent aussi soutenue par le durcissement monétaire qu'elle a déjà réalisé, contrairement à d'autres. Après avoir quitté en avril 2017 la "protection plancher" marquée par le niveau de 27 EUR/CZK (interventions sur le taux de change visant à éviter une appréciation de la CZK), le taux directeur a fait l'objet de relèvements systématiques qui l'ont porté de 0,05% à 1,75%.

Better safe than sorry

La CNB s'exprime jusqu'ici toujours dans des termes positifs au sujet de la croissance (intérieure). Les ménages tchèques y contribuent généreusement à travers leur consommation. La pénurie qui règne sur le marché du travail s'est traduite par des hausses salariales significatives, augmentant ainsi le revenu disponible. La banque centrale a néanmoins des doutes au sujet de la croissance externe. Le ralentissement de la croissance déploré par l'Allemagne, son principal partenaire commercial, l'issue du Brexit et la montée du protectionnisme sont autant d'éléments qui inquiètent la Tchéquie. Dans son nouveau rapport consacré à l'inflation, la banque centrale a ramené ses perspectives de croissance de 3,3% à 2,9% pour cette année, et de 3,3% à 3% pour l'année prochaine. Pour l'inflation, les prévisions sont pour ainsi dire les mêmes qu'en novembre. La CNB table d'ici la fin de l'année prochaine sur une inflation de 2%, qui irait donc s'aligner sur l'objectif en la matière.

Ce sont les prévisions avancées au sujet du taux directeur qui trahissaient le plus l'incertitude quant à l'avenir de l'économie. En novembre, la CNB tablait sur un taux directeur de 2,4% à la fin 2019. Dans son nouveau rapport consacré à l'inflation, il est question de 1,85%. Pour la fin 2020, elle avance un taux directeur de 1,80%. Somme toute, la CNB fait comprendre au marché que son "scénario de base" ne prévoit plus de relèvements des taux d'intérêt pour cette année/ce cycle. Lors de la conférence de presse qui a suivi la réunion, le gouverneur Jiří Rusnok a laissé davantage la porte ouverte. Il situe le nombre de relèvements des taux d'intérêt entre 0 et 2 pour 2019. Pour l'heure, la CNB se focalise surtout sur l'inflation. Si celle-ci augmente plus rapidement que prévu, la banque centrale réagira. Ce scénario peut par exemple se produire si la pression inflationniste intérieure est plus marquée que la pression déflationniste provenant de la zone euro. Ou si la couronne tchèque se révèle plus faible que la CNB ne s'y attend. L'année dernière, c'est ce qui avait justifié le rythme soutenu des relèvements des taux d'intérêt. La CNB voit la CZK grimper en direction d'une moyenne de 24,5 au dernier trimestre de 2019 et de 24,1 au dernier trimestre de 2020.

Jiří Rusnok et les siens veulent de toute évidence attendre que le brouillard international se dissipe avant de se risquer à une évaluation de l'économie intérieure. La faiblesse des commandes d'exportations révélée par les chiffres de la production industrielle de décembre constitue un premier signal. Concrètement, nous pensons que la CNB restera sur la touche au moins jusqu'à la fin de l'été. La couronne tchèque trahissait une légère pression à la vente en prévision de la réunion de politique, mais n'a pas cédé davantage de terrain par la suite. Au premier semestre, nous voyons le différentiel EUR/CZK évoluer plutôt latéralement, grosso modo entre 25,50 et 26,20. Nous pensons toutefois que la couronne devrait reprendre des couleurs d'ici à la fin de l'année, avec un recul du cours EUR/CZK en direction de 25,00.
 

Figure - EUR/CZK: un différentiel stable au premier semestre de 2019, mais une nouvelle appréciation de la CZK au second semestre?

Source: Bloomberg

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