La Banque d'Angleterre ne se met encore aucune pression
La Banque d’Angleterre ne montre pour le moment aucun signe de précipitation. Hier, elle a laissé son taux directeur inchangé à 0,1 % et n’a pas évoqué de normalisation de sa politique. L’économiste en chef sur le départ, Andy Haldane, continue de prêcher dans le désert en plaidant pour une diminution des achats d'obligations (objectif de 845 milliards de livres au lieu de 895 milliards de livres).
Les cycles des "grandes" réunions des banques centrales ne sont pas synchrones, avec la BCE et la Fed d’une part et la BoE de l'autre. En Europe et aux États-Unis, elles suivent le canevas mars-juin-septembre-décembre. Au Royaume-Uni, la mise à jour détaillée, avec les nouvelles prévisions de croissance et d’inflation, a lieu en février-mai-août-novembre. Le mois dernier, la BoE a maintenu l'objectif de son programme d’achats d’obligations à 895 milliards de livres, mais elle a revu à la baisse le volume des achats hebdomadaires. La BoE a ainsi gagné deux mois supplémentaires (expiration du programme prévue à la fin de l’année au lieu de la fin octobre) et a fait baisser la pression qu'exerçaient sur elle les marchés pour qu'elle devienne la première grande banque centrale à normaliser ses taux. La réunion vraiment cruciale de cette année sera probablement celle de novembre. La BoE pourra à ce moment-là réagir aux résultats des réunions de la BCE et de la Fed de septembre.
En ce qui concerne le comité de politique restreint d’hier, la Banque d’Angleterre s’est montrée plus positive à l’égard de la croissance mondiale et de la croissance au Royaume-Uni. Les dernières mesures de restriction seront supprimées en début juillet, ce qui incite la banque centrale à revoir à la hausse le taux de croissance attendu pour le deuxième trimestre de 1,5 point de pourcentage. En mai, l’inflation britannique a dépassé les 2 % pour la première fois en près de deux ans. Et elle devrait rester supérieure à ce niveau dans les prochains mois, avec des pics possibles au-delà de 3 %. Le gouverneur Bailey et ses collègues tablent toujours sur un phénomène temporaire, même s’ils reconnaissent que l'inflation va probablement rester supérieure à 2 % pendant plus longtemps que prévu.
Enfin, la Banque d’Angleterre a rappelé son principe de prudence. Tant qu'’il restera de la capacité inutilisée dans l’économie, elle préférera rester accommodante et tolérera l’inflation, principalement alimentée par les matières premières. Ce n’est que lorsqu'il n'y aura plus de marge et que la croissance contribuera à une hausse plus structurelle de l’inflation que la BoE changera son fusil d’épaule.
Après le signal de la Fed il y a deux semaines, la livre sterling s’est lentement hissée à ses plus hauts niveaux depuis début avril par rapport à l'euro (EUR/GBP 0,8540). Certains s’attendaient déjà ici et là à ce que la banque centrale britannique change de cap. Le risque extrême ne s’est pas concrétisé et le cours EUR/GBP est reparti en direction de 0,86, confortablement installé dans la fourchette latérale dans laquelle il évolue depuis le début du mois de mars (0,8470-0.8730).