La fin d'une ère, avec une mise en garde

Les marchés

Lorsque la Banque centrale européenne (BCE) avait décidé, en juin, de mettre un terme, après 46 mois, à son programme d'achat d'actifs en décembre 2018, elle avait probablement imaginé un scénario "plus réjouissant" que celui exposé par Draghi hier. L'annonce de la fin des achats nets s'est accompagnée d'une mise en garde au niveau des nouvelles prévisions économiques. Depuis mars 2015, la banque centrale a acheté pour plus de 2 100 milliards d'euros d'obligations souveraines de la zone euro. Dont 73 milliards uniquement en Belgique, un montant qui correspond à 21,5% de toutes les obligations souveraines belges en circulation (340 milliards d'euros). La BCE ne se désengage néanmoins pas totalement. Elle compte en effet réinvestir les fonds libérés par les obligations arrivant à échéance dans son portefeuille. En 2019, ces opérations porteront sur un montant total de 173 milliards d'euros. Au plus fort des achats, en 2016, la banque avait acquis pour 778 milliards d'euros d'obligations d'État.

 

BCE plus pessimiste sur la croissance

La BCE a revu à la baisse ses prévisions de croissance de 2% à 1,9% pour cette année et de 1,8% à 1,¨7% pour l'année prochaine. La projection pour 2020 a été maintenue à 1,7%, alors que la première estimation pour 2021 fait état d'un recul en direction de la croissance tendancielle (1,5%). Draghi & Co estiment que les risques autour de ce scénario sont toujours équilibrés, mais constatent tout de même que la balance commence à pencher dans le mauvais sens. Les indicateurs PMI de confiance des entreprises dans la zone euro, qui donnent le meilleur instantané possible de la situation économique dans la région, confirment d'ores et déjà cette crainte. Le PMI global est ainsi passé de 52,7 à 51,3, alors que le marché s'attendait à une stabilisation. Cela fait plus de quatre ans que cet indicateur n'était plus tombé aussi près des 50 points, le fameux seuil symbolique qui marque la frontière entre croissance économique et contraction économique. Au niveau des pays, les PMI français sont passés sous ce niveau, tant pour l'industrie manufacturière que pour le secteur des services. Les récentes actions des gilets jaunes, qui ont immobilisé le pays, n'y sont évidemment pas étrangères. De manière générale, ce sont surtout les indicateurs avancés, comme les nouvelles commandes, qui ont perdu du terrain. Ceux-ci n'annoncent pas vraiment d'amélioration pour janvier. Sur la base des PMI d'octobre et de novembre, et compte tenu d'une fin d'année peu emballante, l'institut PMI table sur une croissance trimestrielle de 0,3% en glissement trimestriel. Pour la forme, signalons aussi que les nouvelles prévisions d'inflation ne sont pas très différentes de celles de septembre et varient entre 1,6% et 1,8% sur l'ensemble de l'horizon prévisionnel.

Le marché n'a pas vraiment tenu compte de la mise en garde de la BCE hier, mais réagit aujourd'hui aux "faits concrets". Le cours EUR/USD est passé de 1,1350 à un niveau inférieur à 1,13. Le prochain niveau technique important se situe toujours à EUR/USD 1,1187. L'humeur sur les bourses s'est déjà dégradée à cause des chiffres décevants publiés ce matin au Japon et en Chine et aucune amélioration n'est encore observée pour le moment. Les principaux indices européens perdent jusqu'à 1,5%. Les taux allemands affichent des baisses allant jusqu'à 3 points de base.


 

Figure - Le BCE reste présente sur le marché obligataire européen

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