Appel du pied aux banques centrales...

Les marchés

Le sujet sera encore souvent abordé, mais au vu des importants mouvements observés hier, il est de nouveau impossible d'y couper aujourd'hui. L'accélération de la propagation du coronavirus en dehors de la Chine (Corée, Moyen-Orient, Italie...) et les inquiétudes exprimées par des organisations internationales telles que le FMI ou le G20 ont provoqué un brusque retournement sur les marchés hier. Au milieu de la semaine passée, les risques que font planer l'épidémie sur l'économie mondiale étaient déjà connus, mais des indices comme le S&P 500 étaient tout de même encore parvenus à battre de nouveaux records historiques (mercredi). Même la bourse chinoise avait réussi à récupérer pratiquement toutes les pertes qu'elle avait essuyées après les festivités du nouvel an. Hier, nous avons donc assisté à un renversement du risque.

Voici comment nous voyons les choses. Jusqu'à la semaine passée, le marché estimait que le rapport entre les risques (liés au coronavirus) et l'espoir de mesures de soutien monétaires et/ou budgétaires jouait encore en faveur des actifs à risque. La proactivité des banques centrales les pousse généralement à réagir trop vite/trop fort. Les taux à long terme ont plongé hier, comme c'est l'habitude dans un contexte d'hostilité au risque, mais ils n'ont pas été les seuls. La forte chute des taux courts peut être vue comme un appel à l'aide directement adressé aux banques centrales. Pour la Fed, le marché s'attend d'ores et déjà à deux ou trois baisses de taux supplémentaires d'ici au début de l'année prochaine. Et il table également à nouveau sur un assouplissement de la Banque d'Angleterre cette année. Les taux ont en revanche moins diminué dans l'UEM. Il est en effet difficile d'imaginer la BCE encore abaisser des taux déjà très négatifs. Reste maintenant à voir dans quelle mesure les banquiers centraux répondront à cet appel.

Tout d'abord, le recul de la demande et de la production lié au coronavirus doit encore davantage se concrétiser dans les chiffres. Par ailleurs, on peut aussi se demander si une forte baisse des taux constitue la solution la plus appropriée. Pour les entreprises confrontées à une chute de leur activité, le fait de pouvoir compter sur une aide financière bon marché peut aider, mais d'autres mesures plus sélectives seraient probablement plus indiquées (report de paiement, mesures budgétaires temporaires et ciblées). Si le coronavirus vient à véritablement heurter l'économie, les autorités auront du mal à trouver le bon mix et le bon dosage de mesures qui permettraient de soutenir efficacement l'économie tout en satisfaisant les marchés.

On peut ainsi se demander si les banques centrales devront entièrement utiliser la marge de manœuvre (étroite) dont elles disposent pour lutter contre un risque événementiel non cyclique externe comme le Covid-19. Peut-être cette perte (ou une partie de celle-ci-) ne doit-elle pas être compensée. Pas même avec une politique monétaire agressive. Pour d'autres banques centrales (BCE, BoJ...), le coronavirus risque de venir une nouvelle fois confirmer le fait qu'elles ne disposent plus de beaucoup de munitions.

Outre les fortes chutes des taux et des bourses, il est également intéressant de se pencher sur ce qui se passe sur les marchés des changes. Le dollar a eu le vent en poupe ces dernières semaines, mais maintenant que les tensions sont devenues très vives, le billet vert a du mal à jouer son rôle de valeur refuge. Le sentiment vis-à-vis de l'euro et du yen s'est récemment fortement détérioré à cause de l'impact clair du coronavirus sur les économies japonaise et européenne. Pourtant, ces deux devises ont gagné du terrain vis-à-vis du dollar hier. La situation demeure surtout fragile pour la paire EUR/USD. Les mouvements de cours observés hier prouvent que le billet vert reste vulnérable s'il perd son bel avantage de taux. Le recul du différentiel de taux entre le dollar et l'euro ne pourra évidemment pas maintenir le rythme d'hier. D'un autre côté, la récente solidité affichée par le dollar pondéré des échanges commerciaux est aussi un signe que de nombreuses bonnes nouvelles sont déjà incorporées dans le cours de la monnaie US. Le coronavirus pourrait naturellement encore jouer de mauvais tours à l'Europe et à sa monnaie unique. Toutefois, nous avons le sentiment que le dollar est devenu plus sensible aux mauvaises nouvelles/données, à condition que ces mauvaises données deviennent réalité évidemment...
 

Figuur - Le dollar US (pondéré des échanges commerciaux) ne peut pas entièrement jouer son rôle de valeur refuge.

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